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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/263

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tout ce blanc qui la retenait ainsi ? Toujours elle avait aimé le blanc, jusqu’à voler les bouts de soie blanche pour s’en donner le plaisir en cachette.

— Une minute, une minute encore, et nous partons, mon cher seigneur.

Mais elle ne faisait même plus un effort pour se lever. Anxieux, il s’était remis à genoux devant elle.

— Est-ce que vous souffrez, ne puis-je rien pour votre soulagement ? Si vous avez froid, je prendrai vos petits pieds dans mes mains, et je les réchaufferai, jusqu’à ce qu’ils soient assez vaillants pour courir.

Elle hocha la tête.

— Non, non, je n’ai pas froid, je pourrai marcher… Attendez une minute, une seule minute.

Il voyait bien que d’invisibles chaînes la liaient aux membres, la rattachaient là, si fortement, que, dans un instant peut-être, il lui serait impossible de l’en arracher. Et, s’il ne l’emmenait pas tout de suite, il songeait à la lutte inévitable avec son père, le lendemain, à ce déchirement, devant lequel il reculait depuis des semaines. Alors, il se fit pressant, d’une supplication ardente.

— Venez, les routes sont noires à cette heure, la voiture nous emportera dans les ténèbres ; et nous irons toujours, toujours, bercés, endormis aux bras l’un de l’autre, comme enfouis sous un duvet,