Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/262

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s’abandonner au galop des chevaux, fuir et disparaître dans une étreinte !

— Je n’emporte rien, n’est-ce pas ?… À quoi bon ?

Il brûlait de sa fièvre, déjà devant la porte.

— Non, rien… Partons vite.

— Oui, partons, c’est cela.

Et elle l’avait rejoint, Mais elle se retourna, elle voulut donner un dernier regard à la chambre. La lampe brûlait avec la même douceur pâle, le bouquet d’hortensias et de roses-trémières fleurissait toujours, une rose inachevée, vivante pourtant, au milieu du métier, semblait l’atteindre. Surtout, jamais la chambre ne lui avait paru si blanche, les murs blancs, le lit blanc, l’air blanc, comme empli d’une haleine blanche.

Quelque chose en elle vacilla, et il lui fallut s’appuyer au dossier d’une chaise.

— Qu’avez-vous ? demanda Félicien inquiet.

Elle ne répondait pas, elle respirait difficilement. Reprise d’un frisson, les jambes déjà brisées, elle dut s’asseoir.

— Ne vous inquiétez pas, ce n’est rien… Une minute de repos seulement, et nous partons.

Ils se turent. Elle regardait dans la chambre, comme si elle y eût oublié un objet précieux, qu’elle n’aurait pu dire. C’était un regret, d’abord léger, puis qui grandissait et lui étouffait peu à peu la poitrine. Elle ne se rappelait plus. Était-ce