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XIII


Angélique allait mourir. Il était dix heures, une claire matinée de la fin de l’hiver, un temps vif, avec un ciel blanc, tout égayé de soleil. Dans le grand lit royal, drapé d’une ancienne perse rose, elle ne bougeait plus, sans connaissance depuis la veille. Allongée sur le dos, ses mains d’ivoire abandonnées sur le drap, elle n’avait plus ouvert les yeux ; et son fin profil s’était aminci, sous le nimbe d’or de ses cheveux ; et on l’aurait crue morte déjà, sans le tout petit souffle de ses lèvres.

La veille, Angélique s’était confessée et avait communié, se sentant très mal. Le bon abbé Cornille, vers trois heures, lui avait apporté le saint viatique. Puis, dans la soirée, comme la mort la glaçait peu à peu, un grand désir lui était venu de l’extrême-onction, la médecine céleste, instituée pour la guérison de l’âme et du corps. Avant de perdre connaissance, sa dernière parole, un murmure à peine, recueilli par Hubertine avait bégayé ce désir des saintes huiles, Oh ! tout de