Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/272

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Il se trouvait à son tour devant la fenêtre, prêt à partir, puisqu’elle le renvoyait.

— Mais vous en mourrez ! cria-t-il.

Elle s’était calmée, elle murmura, avec un sourire :

— Oh ! c’est à moitié fait.

Un instant encore, il la regarda, si blanche, si réduite, d’une légèreté de plume qu’un souffle emporte ; et il eut un geste de résolution furieuse, il disparut dans la nuit.

Elle, appuyée au dossier du fauteuil, quand il ne fut plus là, tendit désespérément les mains vers les ténèbres. De gros sanglots agitaient son corps, une sueur d’agonie couvrait sa face. Mon Dieu ! c’était la fin, elle ne le verrait plus. Tout son mal l’avait reprise, ses jambes brisées se dérobaient sous elle. Ce fut à grand-peine qu’elle put regagner son lit, où elle tomba victorieuse et sans souffle. Le lendemain matin, on l’y trouva mourante. La lampe venait de s’éteindre d’elle-même, à l’aube, dans la blancheur triomphale de la chambre.