Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/275

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avec eux. Maintenant, cela échappait à leur puissance, ils ne pouvaient que se soumettre. Ils ne regrettaient rien, mais leur être succombait de douleur. Depuis qu’elle était là, agonisante, ils l’avaient soignée, en refusant tout secours étranger. Ils se trouvaient seuls encore, à cette heure dernière, et ils attendaient.

Hubert, machinal, alla ouvrir la porte du poêle de faïence, dont le ronflement ressemblait à une plainte. Le silence se fit, une douce chaleur pâlissait les roses. Depuis un instant, Hubertine écoutait les bruits de la cathédrale, derrière le mur. Un branle de cloche donnait un frisson aux vieilles pierres ; sans doute l’abbé Cornille quittait l’église, avec les saintes huiles ; et elle descendit pour le recevoir, au seuil de la maison. Deux minutes s’écoulèrent, un grand murmure emplit l’étroit escalier de la tourelle. Puis, dans la chambre tiède, Hubert, frappé d’étonnement, se mit à trembler, tandis qu’une crainte religieuse, un espoir aussi, le faisaient tomber à genoux.

Au lieu du vieux prêtre attendu, c’était Monseigneur qui entrait, Monseigneur en rochet de dentelle, ayant l’étole violette et portant le vaisseau d’argent, où se trouvait l’huile des infirmes, bénite par lui-même le Jeudi saint. Ses yeux d’aigle restaient fixes, sa belle face pâle, sous les épaisses boucles de ses cheveux blancs, gardait une majesté. Et, derrière lui, comme un simple clerc,