Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/283

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Il dit jusqu’au bout ce qu’il fallait dire, les yeux sur elle ; et elle soufflait à peine, pas un des cils de ses paupières closes ne remuait. Puis, il commanda :

— Récitez le symbole.

Après avoir attendu, il le récita lui-même.

Credo in unum Deum…

Amen, répondit l’abbé Cornille.

On entendait toujours, sur le palier, Félicien pleurer à gros sanglots, dans l’énervement de l’espoir. Hubert et Hubertine priaient, du même geste élancé et craintif, comme s’ils avaient senti descendre les toutes-puissances inconnues. Un arrêt s’était produit, un balbutiement de prière. Et, maintenant, les litanies du rituel se déroulaient, l’invocation aux saints et aux saintes, l’envolée des Kyrie eleison, appelant tout le ciel au secours de l’humanité misérable.

Puis, soudain, les voix tombèrent, il se fit un silence profond. Monseigneur se lavait les doigts, sous les quelques gouttes d’eau que l’abbé lui versait de l’aiguière. Enfin, il reprit le vaisseau des saintes huiles, en ôta le couvercle, vint se placer devant le lit. C’était la solennelle approche du sacrement, de ce dernier sacrement dont l’efficacité efface tous les péchés mortels ou véniels, non pardonnés, qui demeurent dans l’âme après les autres sacrements reçus : anciens restes de péchés oubliés, péchés commis sans le savoir, péchés de langueur