Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/284

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n’ayant pas permis de se rétablir fermement en la grâce de Dieu. Mais où les prendre, ces péchés ? Ils venaient donc du dehors, dans ce rayon de soleil, aux poussières dansantes, qui semblaient apporter des germes de vie jusque sur ce grand lit royal, blanc et froid de la mort d’une vierge ?

Monseigneur s’était recueilli, les regards de nouveau sur Angélique, s’assurant que le petit souffle n’avait pas cessé. Il se défendait encore de toute émotion humaine, à la voir si amincie, d’une beauté d’ange, immatérielle déjà. Son pouce ne trembla pas, lorsqu’il le trempa doucement dans les saintes huiles et qu’il commença les onctions sur les cinq parties du corps où résident les sens, les cinq fenêtres par lesquelles le mal entre dans l’âme.

D’abord, sur les yeux, sur les paupières fermées, la droite, la gauche ; et le pouce, légèrement, traçait le signe de la croix.

Per istam sanctam unctionem, et suam piissimam misericordiam, indulgeat tibi Dominus quidquid per visum deliquisti.

Et les péchés de la vue étaient réparés, les regards lascifs, les curiosités déshonnêtes, les vanités des spectacles, les mauvaises lectures, les larmes répandues pour des chagrins coupables. Et elle ne connaissait d’autre livre que la Légende, d’autre horizon que l’abside de la cathédrale, qui lui bouchait le reste du monde. Et elle n’avait