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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/49

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Alors, les courses recommencèrent. Le bout de la rue des Deux-Écus était démoli, aucun boutiquier des rues voisines ne se rappelait madame Foucart. Il consulta un annuaire : le nom ne s’y trouvait plus. Les yeux levés, guettant les enseignes, il se résigna à monter chez les sages-femmes ; et ce fut ce moyen qui réussit, il eut la chance de tomber sur une vieille dame, laquelle se récria. Comment ! si elle connaissait madame Foucart ! une personne d’un si grand mérite, qui avait eu bien des malheurs ! Elle demeurait rue Censier, à l’autre bout de Paris. Il y courut.

Là, instruit par l’expérience, il s’était promis d’agir diplomatiquement. Mais madame Foucart, une femme énorme, tassée sur des jambes courtes, ne le laissa pas déployer en bel ordre les questions qu’il avait préparées à l’avance. Dès qu’il lâcha les prénoms de l’enfant et la date du dépôt, elle partit d’elle même, elle conta toute l’histoire, dans un flot de rancune. Ah ! la petite vivait ! eh bien, elle pouvait se flatter d’avoir pour mère une fameuse coquine ! Oui, madame Sidonie, comme on la nommait depuis son veuvage, une femme très bien apparentée, ayant un frère ministre, disait-on, ce qui ne l’empêchait pas de faire les plus vilains commerces ! Et elle expliqua de quelle façon elle l’avait connue, quand la gueuse tenait, rue Saint-Honoré, un commerce de fruits et d’huile de Provence, à son arrivée de Plassans, d’où ils débar-