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LES ROUGON-MACQUART.

— Eh ! venez-vous avec moi, cria-t-il. Je cherche cette brute de Marjolin.

Florent le suivit, pour s’oublier un instant encore, pour retarder de quelques minutes son retour à la poissonnerie. Claude disait que, maintenant, son ami Marjolin n’avait plus rien à désirer ; il était une bête. Il nourrissait le projet de le faire poser à quatre pattes, avec son rire d’innocent. Quand il avait crevé de rage une ébauche, il passait des heures en compagnie de l’idiot, sans parler, tâchant d’avoir son rire.

— Il doit gaver ses pigeons, murmura-t-il. Seulement, je ne sais pas où est la resserre de monsieur Gavard.

Ils fouillèrent toute la cave. Au centre, dans l’ombre pâle, deux fontaines coulent. Les resserres sont exclusivement réservées aux pigeons. Le long des treillages, c’est un éternel gazouillement plaintif, un chant discret d’oiseaux sous les feuilles, quand tombe le jour. Claude se mit à rire, en entendant cette musique. Il dit à son compagnon :

— Si l’on ne jurerait pas que tous les amoureux de Paris s’embrassent là-dedans !

Cependant, pas une resserre n’était ouverte, il commençait à croire que Marjolin ne se trouvait pas dans la cave, lorsqu’un bruit de baisers, mais de baisers sonores, l’arrêta net devant une porte entrebâillée. Il l’ouvrit, il aperçut cet animal de Marjolin que Cadine avait fait agenouiller par terre, sur la paille, de façon à ce que le visage du garçon arrivât juste à la hauteur de ses lèvres. Elle l’embrassait doucement, partout. Elle écartait ses longs cheveux blonds, allait derrière les oreilles, sous le menton, le long de la nuque, revenait sur les yeux et sur la bouche, sans se presser, mangeant ce visage à petites caresses, ainsi qu’une bonne chose à elle, dont elle disposait à son gré. Lui, complaisamment, restait comme elle le posait. Il ne savait plus. Il tendait la chair, sans même craindre les chatouilles.

— Eh bien ! c’est ça, dit Claude, ne vous gênez pas !…