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Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/131

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POT-BOUILLE

de dentelle, sans doute volées à madame Duveyrier. Octave, en effet, remarquait à présent une coquetterie dans la chambre, des boîtes de carton doré rangées sur la commode, un rideau de perse tendu sur les jupes, toute la pose d’une cuisinière jouant à la femme distinguée.

— Celle-là, voyez-vous, il n’y a pas à dire, répétait Trublot, on peut l’avouer… Si elles étaient toutes comme ça !

À ce moment, un bruit vint de l’escalier de service. C’était Adèle qui remontait se laver les oreilles, madame Josserand lui ayant défendu furieusement de toucher à la viande, tant qu’elle ne les aurait pas nettoyées au savon. Trublot allongea la tête et la reconnut.

— Fermez vite la porte ! dit-il très inquiet. Chut ! ne parlez plus !

Il tendait l’oreille, il écoutait le pas lourd d’Adèle suivre le corridor.

— Vous couchez donc aussi avec ! demanda Octave, surpris de sa pâleur, devinant qu’il redoutait une scène.

Mais Trublot, cette fois, eut une lâcheté.

— Non par exemple ! pas avec ce torchon !… Pour qui me prenez-vous, mon cher ?

Il s’était assis au bord du lit, il attendait pour achever de se vêtir, en suppliant Octave de ne pas bouger ; et tous deux restèrent immobiles, tant que cette malpropre d’Adèle se décrassa les oreilles, ce qui exigea dix grandes minutes. Ils entendaient la tempête de l’eau dans la cuvette.

— Il y a pourtant une chambre, entre celle-ci et la sienne, expliqua doucement Trublot, une chambre louée à un ouvrier, à un menuisier qui empoisonne le corridor avec ses soupes à l’oignon. Ce matin encore, ça m’a fait lever le cœur… Et vous savez, maintenant,