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Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/143

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POt-BOUILLE

pour ce qu’il croyait deviner derrière les hautes portes d’acajou. Il ne savait plus : ces bourgeoises, dont la vertu le glaçait d’abord, lui semblaient maintenant devoir céder sur un signe ; et, lorsqu’une d’elles résistait, il restait plein de surprise et de rancune.

Marie avait rougi de joie, en le voyant poser sur le buffet le paquet de livres qu’il était monté chercher pour elle, le matin. Elle répétait :

— Êtes-vous gentil, monsieur Octave ! Oh ! merci, merci !… Et comme c’est bien, d’être venu de bonne heure ! Voulez-vous un verre d’eau sucrée avec du cognac ? Ça ouvre l’appétit.

Il accepta, pour lui faire plaisir. Tout lui parut aimable, jusqu’à Pichon et aux Vuillaume, qui causaient autour de la table, remâchant lentement leur conversation de chaque dimanche. Marie, de temps à autre, courait à la cuisine, où elle soignait une épaule de mouton roulée ; et il osa la suivre en plaisantant, la saisit devant le fourneau, la baisa sur la nuque. Elle, sans un cri, sans un tressaillement, s’était retournée et le baisait à son tour sur la bouche, de ses lèvres toujours froides. Cette fraîcheur parut délicieuse au jeune homme.

— Eh bien ? et votre nouveau ministre ? demanda-t-il à Pichon, en revenant.

Mais l’employé eut un sursaut. Ah ! il allait y avoir un nouveau ministre, à l’Instruction publique ? Il n’en savait rien ; dans les bureaux, on ne s’occupait jamais de ça.

— Le temps est si mauvais ! continua-t-il sans transition. Pas possible d’avoir un pantalon propre !

Madame Vuillaume parlait d’une fille qui avait mal tourné, aux Batignolles.

— Vous ne me croirez pas, monsieur, dit-elle. Elle était parfaitement élevée ; mais elle s’ennuyait telle-