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Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/148

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LES ROUGON-MACQUART

monsieur ne veut pas, retourne chez tes maîtres, Amélie. Nous ferons un garçon une autre fois. Vrai, c’était pour faire un garçon… Par exemple, je l’accepte volontiers, votre congé ! Plus souvent que je resterais dans cette baraque ! Il s’y passe de propres choses, on y rencontre du joli fumier. Ça ne veut pas de femmes chez soi, lorsque ça tolère, à chaque étage, des salopes bien mises qui mènent des vies de chien, derrière les portes… Tas de mufes ! tas de bourgeois !

Amélie s’en était allée, pour ne pas causer de plus gros ennuis à son homme ; et lui, goguenard, sans colère, continua de blaguer. Pendant ce temps, M. Gourd protégeait la retraite de M. Vabre, en se permettant à voix haute des réflexions. Quelle sale chose que le peuple ! Il suffisait d’un ouvrier dans une maison pour l’empester.

Octave referma la fenêtre. Mais, au moment où il retournait auprès de Marie, un individu qui enfilait légèrement le corridor, le heurta.

— Comment ! c’est encore vous ! dit-il en reconnaissant Trublot.

Celui-ci resta une seconde suffoqué. Puis, il voulut expliquer sa présence.

— Oui, c’est moi… J’ai dîné chez les Josserand, et je monte…

Octave fut révolté.

— Oh ! avec ce torchon d’Adèle !… Vous juriez que non.

Alors, Trublot reprit sa carrure, l’air ravi.

— Je vous assure, mon cher, c’est très chic… Elle a une peau, vous ne vous en doutez pas !

Ensuite, il s’emporta contre l’ouvrier, qui avait failli le faire surprendre dans l’escalier de service, avec ses sales histoires de femme. Il avait dû revenir par le grand escalier. Et, s’échappant :