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LES ROUGON-MACQUART

— Une agrafe, au fond du tiroir de gauche… Attendez.

Elle traversa le salon, reparut et replongea dans la chambre, laissant derrière elle, comme un sillage, le vol blanc de sa jupe, nouée à la taille par un large ruban bleu.

— Vous vous trompez, je crois, reprit madame Dambreville. La mère est trop heureuse de se débarrasser de sa fille… Elle a l’unique passion de ses mardis. Puis, il lui reste une victime.

Mais Valérie entrait, dans une toilette rouge, d’une singularité provocante. Elle était montée trop vite, craignant d’être en retard.

— Théophile n’en finit pas, dit-elle à sa belle-sœur. Vous savez que j’ai renvoyé Françoise ce matin, et il cherche partout une cravate… Je l’ai laissé au milieu d’un désordre !

— La question de la santé est bien grave également, continua madame Dambreville.

— Sans doute, répondit madame Duveyrier. Nous avons consulté avec discrétion le docteur Juillerat… Il paraît que la jeune fille est tout à fait bien constituée. Quant à la mère, elle a une de ces charpentes étonnantes ; et, ma foi, cela nous a un peu décidés, car rien n’est plus ennuyeux que des parents infirmes, qui vous tombent sur les bras… Ça vaut toujours mieux, des parents solides.

— Surtout, dit madame Juzeur de sa voix douce, lorsqu’ils ne doivent rien laisser.

Valérie s’était assise ; mais, n’étant pas au courant de la conversation, essoufflée encore, elle demanda :

— Hein ? de qui parlez-vous ?

De nouveau, la porte s’était brusquement ouverte, et toute une querelle sortait de la chambre.

— Je te dis que le carton est resté sur la table.