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Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/184

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LES ROUGON-MACQUART

taires qui faisaient toujours autrement que les autres !

À Saint-Roch, la grande porte venait de s’ouvrir à deux battants. Un tapis rouge descendait jusqu’au trottoir. Il pleuvait, la matinée de mai était très froide.

— Treize marches, dit tout bas madame Juzeur à Valérie, quand elles passèrent sous la porte. Ce n’est pas bon signe.

Dès que le cortège s’engagea entre les deux haies de chaises, marchant vers le chœur, où les cierges de l’autel brillaient comme des étoiles, les orgues, sur la tête des couples, éclatèrent en un chant d’allégresse. C’était une église cossue, riante, avec ses grandes fenêtres blanches, bordées de jaune et de bleu tendre, ses soubassements de marbre rouge, revêtant les murs et les colonnes, sa chaire dorée, soutenue par les quatre évangélistes, ses chapelles latérales où luisaient des orfévreries. Des peintures d’Opéra égayaient la voûte. Des lustres de cristal pendaient au bout de longs fils. Lorsqu’elles passaient sur les larges bouches du calorifère, les dames recevaient dans leurs jupes une haleine chaude.

— Vous êtes sûr d’avoir l’alliance ? demanda madame Josserand à Auguste, qui s’installait avec Berthe sur des fauteuils, placés devant l’autel.

Il s’effara, crut l’avoir oubliée, puis la sentit dans la poche de son gilet. D’ailleurs, elle n’avait pas attendu sa réponse. Depuis son entrée, elle se haussait, fouillait du regard le monde : Trublot et Gueulin, tous deux garçons d’honneur, l’oncle Bachelard et Campardon, témoins de la mariée, Duveyrier et le docteur Juillerat, témoins du marié, puis toute la foule des connaissances, dont elle était fière. Mais elle venait d’apercevoir Octave, qui ouvrait avec empressement un passage à madame Hédouin, et elle l’avait emmené derrière un pilier, où elle lui parlait, d’une voix basse et rapide.