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LES ROUGON-MACQUART

l’avoir pris chez eux. En tout cas, s’il existait un testament, on le trouverait.

— La famille est avertie ? dit le docteur Juillerat.

— Mon Dieu ! non, murmura Clotilde. J’ai reçu un tel coup !… Ma première pensée a été d’envoyer monsieur chercher mon mari.

Duveyrier lui jeta un nouveau regard. Maintenant, tous deux s’entendaient. Lentement, il s’approcha du lit, examina M. Vabre, étendu dans sa raideur de cadavre, et dont le masque immobile se marbrait de taches jaunes. Une heure sonnait. Le docteur parla de se retirer, car il avait essayé les révulsifs d’usage, il ne pouvait rien de plus. Le matin, il reviendrait de bonne heure. Enfin, il partait avec Octave, lorsque madame Duveyrier rappela ce dernier.

— Attendons demain, n’est-ce pas ? dit-elle, vous m’enverrez Berthe sous un prétexte ; je ferai aussi demander Valérie, et ce sont elles qui instruiront mes frères… Ah ! les pauvres gens, qu’ils dorment encore tranquilles cette nuit ! Il y a bien assez de nous, à veiller dans les larmes.

Et, en face du vieillard dont le râle emplissait la chambre d’un frisson, elle et son mari restèrent seuls.