Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
LES ROUGON-MACQUART

verrait un jour ce qu’il faudrait y mettre, pour l’avoir.

— Hein ? demanda-t-elle, ça vous a coûté plus cher qu’un bouquet de violettes.

— Oui, oui, murmura-t-il lâchement.

À son tour, il laissa échapper des choses désagréables sur Berthe, la disant méchante, la trouvant même trop grasse, comme s’il se vengeait des ennuis qu’elle lui causait. Toute la journée, il avait attendu les témoins du mari, et il allait rentrer pour s’assurer encore si personne n’était venu : une aventure stupide, un duel qu’elle aurait pu lui éviter. Il finit par conter leur rendez-vous si bête, leur querelle, puis l’arrivée d’Auguste, avant qu’ils se fussent seulement fait une caresse.

— Sur ce que j’ai de plus sacré, dit-il, il n’y avait pas encore eu ça entre nous !

Valérie riait, très animée. Elle glissait à l’intimité tendre de ces confidences, se rapprochait d’Octave comme d’une amie qui savait tout. Par moments, une dévote sortant de l’église, les dérangeait ; puis, la porte retombait doucement, et ils se retrouvaient seuls, dans le tambour de drap vert, comme au fond d’un asile discret et religieux.

— J’ignore pourquoi je vis avec ces gens-là, reprit-elle en revenant à sa famille. Oh ! sans doute, je ne suis pas sans reproche de mon côté. Mais, franchement, je ne puis avoir de remords, tant ils me touchent peu… Et si je vous avouais pourtant combien l’amour m’ennuie !

— Voyons, pas tant que ça ! dit gaiement Octave. On est des fois moins bête que nous, hier… Il y a des moments heureux.

Alors, elle se confessa. Ce n’était point encore la haine de son mari, la continuelle fièvre, dont il grelottait, dans une impuissance et une éternelle pleurni-