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XVII


Des mois se passèrent, le printemps était venu. On parlait, rue de Choiseul, du prochain mariage d’Octave avec madame Hédouin.

Les choses, pourtant, n’allaient pas si vite. Octave, au Bonheur des Dames, avait repris sa situation, qui chaque jour s’élargissait. Madame Hédouin, depuis la mort de son mari, ne pouvait suffire aux affaires sans cesse croissantes ; son oncle, le vieux Deleuze, cloué sur un fauteuil par des rhumatismes, ne s’occupait de rien ; et, naturellement, le jeune homme, très actif, travaillé de son besoin de grand commerce, était arrivé en peu de temps à prendre dans la maison une importance décisive. Du reste, encore irrité de ses amours imbéciles avec Berthe, il ne rêvait plus d’utiliser les femmes, il les redoutait même. Le mieux lui semblait de devenir tranquillement l’associé de madame Hédouin, puis de commencer la danse des millions. Aussi, se rappelant son échec ridicule auprès d’elle, la traitait-il en homme, comme elle désirait être traitée.

Dès lors, leurs rapports devinrent très intimes. Ils s’enfermaient pendant des heures, dans le cabinet du fond. Autrefois, quand il s’était juré de la séduire, il