Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
455
POT-BOUILLE

l’appartement. Auguste la suivait, la porte se referma sur eux.

Un grand soupir de soulagement traversa l’escalier, emplit la maison d’allégresse. Les dames serrèrent les mains du prêtre, que Dieu avait exaucé. Au moment où Clotilde l’emmenait, pour arranger l’autre histoire, Duveyrier, resté en arrière avec Léon et Bachelard, arriva péniblement. Il fallut lui expliquer l’issue heureuse ; mais, lui qui la désirait depuis des mois, sembla comprendre à peine, l’air étrange, travaillé d’une idée fixe, dont la torture le désintéressait. Pendant que les Josserand montaient chez eux, il rentra derrière sa femme et l’abbé. Et ils étaient encore dans l’antichambre, lorsque des cris étouffés les firent tressaillir.

— Que madame se rassure, expliqua complaisamment Hippolyte. C’est la petite dame d’en haut qui a été prise des douleurs… J’ai vu le docteur Juillerat monter en courant.

Puis, lorsqu’il fut seul, il ajouta philosophiquement :

— Un qui part, un qui vient.

Clotilde installa l’abbé Mauduit dans le salon, en disant qu’elle lui enverrait d’abord Clémence ; et, pour le faire patienter, elle lui donna la Revue des deux mondes, où il y avait des vers vraiment délicats. Elle voulait préparer sa femme de chambre. Mais elle trouva son mari assis sur une chaise de son cabinet de toilette.

Depuis le matin, Duveyrier agonisait. Il venait, une troisième fois, de surprendre Clarisse avec Théodore ; et, comme il protestait, toute la famille des camelots, la mère, le frère, les petites sœurs, s’était ruée sur lui, l’avait jeté dans l’escalier à coups de pied et à coups de poing. Clarisse, pendant ce temps, le traitait de panné, le menaçait furieusement d’envoyer chercher le commissaire, s’il remettait les pieds chez elle. C’était fini, le concierge apitoyé lui avait appris en bas que,