J’ai entendu des hommes la trouver jolie, je ne sais pourquoi. Elle a une figure de rien du tout.
Tout en causant, elle continuait à surveiller la porte, préoccupée.
— Ah ! cette fois, dit-elle, ça doit être M. Rougon.
Mais elle se reprit aussitôt, avec une courte flamme dans les yeux :
— Tiens ! non, c’est monsieur de Marsy.
Le ministre, très-correct dans son habit noir et sa culotte courte, s’avança en souriant vers madame de Combelot ; et, pendant qu’il la complimentait, il regardait les invités, les yeux vagues et voilés, comme s’il n’eût reconnu personne. Alors, à mesure qu’on le salua, il inclina la tête, avec une grande amabilité. Plusieurs hommes s’approchèrent. Bientôt il devint le centre d’un groupe. Sa tête pâle, fine et méchante, dominait les épaules qui moutonnaient autour de lui.
— À propos, reprit Clorinde en poussant M. de Plouguern au fond de l’embrasure, j’ai compté sur toi pour me donner des détails… Que sais-tu au sujet des fameuses lettres de madame de Llorentz ?
— Mais ce que tout le monde sait, répondit-il.
Et il parla des trois lettres, écrites, disait-on, par le comte de Marsy à madame de Llorentz, il y avait près de cinq ans, un peu avant le mariage de l’empereur. Cette dame, qui venait de perdre son mari, un général d’origine espagnole, se trouvait alors à Madrid, où elle réglait des affaires d’intérêt. C’était le beau temps de leur liaison. Le comte, pour l’égayer, cédant aussi à son esprit de vaudevilliste, lui avait envoyé des détails extrêmement piquants sur certaines personnes augustes, dans l’intimité desquelles il vivait. Et l’on racontait que, depuis ce temps, madame de Llorentz, belle femme extrême-