se trouvait madame Bouchard, habitait Orléans. Et il excusa Jules, il expliqua même l’affaire grave, un travail sur une question d’abus de pouvoir, qui avait nécessité son voyage. Il le donna comme un garçon intelligent, dont la carrière serait belle.
— Il a besoin de faire son chemin, dit le marquis, sans appuyer sur cette allusion à la ruine de la famille. Nous nous sommes séparés de lui avec un grand déchirement.
Et, discrètement, le père et la mère déplorèrent les nécessités de notre abominable époque qui empêchent les fils de grandir dans la religion de leurs parents. Eux, n’avaient pas remis les pieds à Paris, depuis la chute de Charles X. Ils n’y seraient certes jamais revenus, s’il ne s’était agi de l’avenir de Jules. Depuis que le cher enfant, sur leurs conseils secrets, servait l’empire, ils feignaient bien devant le monde de le renier, mais ils travaillaient à son avancement d’une façon sourde et continue.
— Nous ne nous cachons pas avec vous, monsieur Rougon, reprit le marquis d’un ton de familiarité charmante. Nous aimons notre enfant, c’est bien légitime… Oh ! vous avez beaucoup fait, et nous vous remercions. Mais il faut que vous fassiez plus encore. Nous sommes des amis et des compatriotes, n’est-ce pas ?
Rougon, très-ému, s’inclinait. L’attitude humble de ces deux vieillards qu’il avait connus si majestueux, quand ils se rendaient, le dimanche, à l’église Saint-Marc, lui causait un grandissement de sa propre personne. Il leur fit des promesses formelles.
Lorsqu’ils se retirèrent, après vingt minutes de conversation intime, la marquise lui prit une main, qu’elle garda un instant dans la sienne, en murmurant :
— Alors, c’est entendu, cher monsieur Rougon. Nous