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Page:Emile Zola - Son Excellence Eugène Rougon.djvu/282

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LES ROUGON-MACQUART.

— C’est quelque chose que j’ai à vous demander, murmura-t-elle enfin.

Puis, elle ajouta vivement :

— Dites d’abord que vous me l’accordez ?

Mais il ne promit rien. Il voulait savoir auparavant. Il se défiait des dames. Et, comme elle se penchait tout près de lui, il l’interrogea.

— C’est donc bien gros, que vous n’osez parler. Il faut que je vous confesse, n’est-ce pas ?… Procédons par ordre. Est-ce pour votre mari ?

Elle répondit non de la tête, sans cesser de sourire.

— Diable !… Pour M. d’Escorailles alors ? Vous complotiez quelque chose à voix basse, là, tout à l’heure.

Elle répondait toujours non. Elle avait une légère moue, signifiant clairement qu’il avait bien fallu renvoyer M. d’Escorailles. Puis, Rougon cherchant avec quelque surprise, elle rapprocha encore son fauteuil, se trouva dans ses jambes.

— Écoutez… Vous ne me gronderez pas ? vous m’aimez bien un peu ?… C’est pour un jeune homme. Vous ne le connaissez pas ; je vous dirai son nom tout à l’heure, quand vous lui aurez donné la place… Oh ! une place sans importance. Vous n’aurez qu’un mot à dire, et nous vous serons bien reconnaissants.

— Un de vos parents peut-être ? demanda-t-il de nouveau.

Elle eut un soupir, le regarda avec des yeux mourants, laissa glisser ses mains pour qu’il les reprît dans les siennes. Et elle dit très-bas :

— Non, un ami… Mon Dieu, je suis bien malheureuse !

Elle s’abandonnait, elle se livrait à lui par cet aveu. C’était une attaque très-voluptueuse, d’un art supérieur, savamment calculée pour lui enlever ses moindres scrupules. Un instant, il crut même qu’elle inventait cette