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Page:Emile Zola - Son Excellence Eugène Rougon.djvu/365

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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

son mari, avec son allure hardie de femme lancée dans les cercles d’hommes politiques. Elle tendit la main à plusieurs de ces messieurs. Tous s’empressèrent, la conversation changea. Mais Sa Majesté se montra si galant pour la jeune femme, il la serra bientôt de si près, le cou allongé, l’œil oblique, que Leurs Excellences jugèrent discret de s’écarter peu à peu. Quatre, puis trois encore sortirent sur la terrasse du château par une porte-fenêtre. Deux seulement restèrent dans le salon, pour sauvegarder les convenances. Le ministre d’État, plein d’obligeance, donnant un air affable à sa haute mine de gentilhomme, avait emmené Delestang ; et, de la terrasse, il lui montrait Paris, au loin. Rougon, debout au soleil, s’absorbait, lui aussi, dans le spectacle de la grande ville, barrant l’horizon, pareille à un écroulement bleuâtre de nuées, au delà de l’immense nappe verte du bois de Boulogne.

Clorinde était en beauté, ce matin-là. Fagotée comme toujours, traînant sa robe de soie cerise pâle, elle semblait avoir attaché ses vêtements à la hâte, sous l’aiguillon de quelque désir. Elle riait, les bras abandonnés. Tout son corps s’offrait. Dans un bal, au ministère de la marine, où elle était allée en Dame de cœur, avec des cœurs de diamant à son cou, à ses poignets et à ses genoux, elle avait fait la conquête de l’empereur ; et, depuis cette soirée, elle paraissait rester son amie, plaisantant simplement chaque fois que Sa Majesté daignait la trouver belle.

— Tenez, monsieur Delestang, disait sur la terrasse le ministre d’État à son collègue, là-bas, à gauche, le dôme du Panthéon est d’un bleu tendre extraordinaire.

Pendant que le mari s’émerveillait, le ministre, curieusement, tâchait de glisser des coups d’œil au fond du petit salon, par la porte-fenêtre restée ouverte. L’empe-