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UNE PAGE D’AMOUR.

chambre à coucher. Elle marcha à sa rencontre, la main tendue, en disant :

— Je vous remercie de votre offre, mon ami, et je vous en suis très-reconnaissante. Vous avez bien fait de parler…

Elle le regardait tranquillement en face et gardait sa grosse main dans la sienne. Lui, tout frémissant, n’osait lever les yeux.

— Seulement, je demande à réfléchir, continua-t-elle. Il me faudra beaucoup de temps peut-être.

— Oh ! tout ce que vous voudrez, six mois, un an, davantage, balbutia-t-il, soulagé, heureux de ce qu’elle ne le mettait pas tout de suite à la porte.

Alors, elle eut un faible sourire.

— Mais j’entends que nous restions amis. Vous viendrez comme par le passé, vous me promettez simplement d’attendre que je vous reparle la première de ces choses… Est-ce convenu ?

Il avait retiré sa main, il cherchait fiévreusement son chapeau, en acceptant tout d’un hochement de tête continu. Puis, au moment de sortir, il retrouva la parole.

— Écoutez, murmura-t-il, vous savez maintenant que je suis là, n’est-ce pas ? Eh bien ! dites-vous que j’y serai toujours, quoi qu’il arrive. C’est tout ce que l’abbé aurait dû vous expliquer… Dans dix ans, si vous voulez, vous n’aurez qu’à faire un signe. Je vous obéirai.

Et ce fut lui qui prit une dernière fois la main d’Hélène et la serra à la briser. Dans l’escalier, les deux frères se retournèrent comme d’habitude, en disant :

— À mardi.

— Oui, à mardi, répondit Hélène.

Lorsqu’elle rentra dans la chambre, le bruit d’une