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Page:Emile Zola - Une page d'amour.djvu/215

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UNE PAGE D’AMOUR.

salie qui lui faisait subir tous les dimanches cet interrogatoire.

— À la messe…, à la messe…, répéta-t-il en ricanant.

Ses deux oreilles rouges s’écartaient de sa tête tondue très-ras, et toute sa petite personne ronde exprimait un air profondément goguenard.

— Sans doute que j’y suis allé, à la messe, finit-il par dire.

— Tu mens ! reprit violemment Rosalie. Je vois bien que tu mens, ton nez remue !… Ah ! Zéphyrin, tu te perds, tu n’as seulement plus de religion… Méfie-toi !

Pour toute réponse, d’un geste galant, il voulut la prendre à la taille. Mais elle parut scandalisée, elle cria :

— Je te fais remettre ta capote, si tu n’es pas convenable !… Tu n’as pas honte ! Voilà mademoiselle qui te regarde.

Alors, Zéphyrin ratissa de plus belle. Jeanne, en effet, venait de lever les yeux. Le jeu la lassait un peu ; après les cailloux, elle avait ramassé des feuilles et arraché de l’herbe ; mais une paresse l’envahissait, elle jouait mieux à ne rien faire, à regarder le soleil qui la gagnait petit à petit. Tout à l’heure, ses jambes seules, jusqu’aux genoux, trempaient dans ce bain chaud de rayons ; maintenant, elle en avait jusqu’à la taille, et la chaleur montait toujours, elle la sentait qui grandissait en elle comme une caresse, avec des chatouilles bien gentilles. Ce qui l’amusait surtout, c’étaient les taches rondes, d’un beau jaune d’or, qui dansaient sur son châle. On aurait dit des bêtes. Et elle renversait la tête, pour voir si elles grimperaient jusqu’à sa figure. En attendant, elle