Page:Emile Zola - Une page d'amour.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CINQUIÈME PARTIE


I


Il faisait nuit depuis longtemps, lorsque Hélène rentra.

Pendant qu’elle montait péniblement l’escalier en s’aidant de la rampe, son parapluie s’égouttait sur les marches. Devant sa porte, elle resta quelques secondes à souffler, encore étourdie du roulement de l’averse autour d’elle, du coudoiement des gens qui couraient, du reflet des réverbères dansant le long des flaques. Elle marchait dans un rêve, dans la surprise de ces baisers qu’elle venait de recevoir et de rendre ; et, tandis qu’elle cherchait sa clé, elle songeait qu’elle n’avait ni remords ni joie. Cela était ainsi, elle ne pouvait faire que cela fût autrement. Mais elle ne trouvait pas sa clé ; sans doute elle l’avait oubliée dans la poche de son autre robe. Alors, elle fut très-contrariée, il lui sembla qu’elle s’était mise à la porte de chez elle. Elle dut sonner.

— Ah ! c’est Madame, dit Rosalie en ouvrant. Je commençais à être inquiète.