Page:Emile Zola - Une page d'amour.djvu/342

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II


Hélène, le lendemain, eut toutes sortes d’idées pratiques. Elle s’éveilla avec l’impérieux besoin de veiller elle-même sur son bonheur, frissonnante à la crainte de perdre Henri par quelque imprudence. À cette heure frileuse du lever, tandis que la chambre engourdie dormait encore, elle l’adorait, elle le désirait, dans un élan de tout son être. Jamais elle ne s’était connu ce souci d’être habile. Sa première pensée fut qu’elle devait voir Juliette le matin même. Elle éviterait ainsi des explications fâcheuses, des recherches qui pouvaient tout compromettre.

Lorsqu’elle arriva chez madame Deberle, vers neuf heures, elle la trouva déjà levée, pâle et les yeux rougis comme une héroïne de drame. Et, dès qu’elle l’aperçut, la pauvre femme se jeta dans ses bras en pleurant, en l’appelant son bon ange. Elle n’aimait pas du tout ce Malignon, oh ! elle le jurait ! Mon Dieu ! quelle aventure stupide ! Elle en serait morte, c’était certain ! car, maintenant, elle ne se sentait pas faite le moins du monde pour ces machines-là, les