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Page:Emmich - Geneviève de Brabant, trad De la Bédollièrre, 1841.djvu/14

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des anges, donnait aux pauvres tout ce dont elle pouvait disposer.

Le jaloux Sigefroid craignit qu’on ne profitât de son absence pour chercher à séduire sa femme. Il décida donc qu’elle irait, pendant tout le temps de la croisade, demeurer au château de Symern, près de la ville de Meyen. Puis il fit ses préparatifs de départ, et convoqua ses barons et ses chevaliers, entre lesquels Golo se distinguait par son courage. Quand tous furent arrivés à Symern, le palatin les réunit en conseil, et les consulta sur le choix de l’homme qui devait le représenter pendant son absence. Golo fut désigné d’une voix unanime, et prêta serment en qualité d’intendant général.

Une disposition spéciale de la Providence, comme on le croit pieusement, permit que Geneviève devînt enceinte la veille même du départ de son époux.

Le matin du jour fixé, Sigefroid manda auprès de lui son intendant général. « Golo, » lui dit-il, « je confie à ta garde mon épouse chérie ; je te laisse l’administration de tous mes domaines. Je compte sur ta fidélité. » A ces mots, Geneviève, succombant à la douleur d’une séparation cruelle, tomba mourante sur le sol. Le palatin la releva avec tendresse, en s’écriant : « O vierge Marie, c’est à vous surtout que je remets le soin de veiller sur ma femme adorée ! » Puis ils s’embrassèrent en pleurant, se prodiguèrent les marques de la plus vive affection ; et le palatin s’éloigna.

Peu de temps après, le perfide Golo éprouva pour