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Page:Emmich - Geneviève de Brabant, trad De la Bédollièrre, 1841.djvu/15

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Geneviève une passion criminelle. Il osa même lui parler d’amour, mais la vertueuse épouse le repoussa avec indignation. Alors il eut recours à la ruse, fabriqua de fausses lettres, se présenta à la palatine, et lui dit : « Voici, madame, des lettres qui me sont adressées, et que je vous communiquerai, si vous le désirez. — Lisez-les, » répondit-elle. Et il lui lut une dépêche par laquelle on lui annonçait que Sigefroid avait péri sur mer avec tous les siens. La palatine se retira dans sa chambre, les yeux baignés de larmes amères, et elle implora la Vierge en disant : « O sainte mère de Dieu, mon unique refuge, daignez jeter un regard sur moi, car le désespoir m’accable ! » Bientôt l’excès de son affliction épuisa ses forces ; elle s’endormit, et la Vierge, lui apparaissant au milieu d’une lumière éclatante, lui dit : « Console-toi, ma fille, ton époux est vivant, mais plusieurs de ses compagnons sont morts en paix. »

Rassurée par cette vision, la palatine se réveilla et demanda à manger. Golo fit mêler aux aliments qu’il lui présenta des substances propres à lui troubler la raison, et crut pouvoir redoubler avec plus de succès ses coupables instances. « Madame, » lui dit-il, « comme vous avez pu le voir par les dépêches que j’ai reçues, notre seigneur et maître est mort. Moi-même je suis veuf ; la maison tout entière est soumise à mon autorité ; rien ne s’oppose à ce que vous m’acceptiez pour époux. »

Forte de l’assistance divine, la princesse répondit à ces sollicitations par un énergique refus. Golo, se