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Page:Encyclopédie méthodique - Amusements.djvu/15

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4 ACO ACO


qu’il y ait en Europe ; il y avoit environ une heure que j’employois en vain contre lui, toutes les ressources de mon art, lorsque je m’apperçus, par hasard, qu’il employoit de son côté les mêmes ruses contre moi.

Corsaires contre Corsaires
Ne font pas, dit-on, leurs affaires.

(Decremps.)

(Voyez Cartes, Escamotage.)

ACOUSTIQUE & MUSIQUE. Les anciens ne paroissent pas avoir considéré les sons sous un autre point de vue que celui de la musique, c’est-à-dire, comme assectant agréablement l’oreille ; il est même fort douteux qu’ils aient connu quelque chose de plus que la mélodie, & qu’ils aient eu rien de semblable à cet art que nous appellons la composition. Mais les modernes ayant considéré les sons du côté purement physique, & ayant fait dans ce champ négligé par les anciens plusieurs découvertes, il en est né une science toute nouvelle, à laquelle on a donné le nom d’acoustique. L’acoustique est donc la science des sons considérés en général sous des vues mathématiques & physiques ; & elle comprend sous elle la musique, qui considère les rapports des sons entant qu’agréables au sens de l’ouïe, soit par leur succession, ce qui constitue la mélodie ; soit par leur simultanéité, ce qui forme l’harmonie. Nous allons rapporter briévement ce qu’il y a de plus curieux & de plus intéressant sur cette science.

En quoi consiste le son : comment il se répand & se transmet à notre organe : expériences relatives à cet objet : des diverses manières de produire le son.

Le son n’est autre chose que le frémissement des parties de l’air, occasionné ou par la commotion subite d’une masse quelconque d’air tout-à-coup resserrée ou dilatée, ou par la communication de l’ébranlement des parties iusensibles d’un corps, dur & élastique.

Telles sont les deux manières les plus connues de produire du son. L’explosion d’un coup de pistolet ou d’arme à feu, produit du bruit ou du son, parce que l’air ou le fluide élastique contenu dans la poudre étant tout-à-coup dilaté, & frappant avec violence l’air extérieur & voisin, le condense subitement au-delà de son état naturel de condensation causée par le poids de l’atmosphère. Cette masse, en vertu de son ressort, se restitue l’instant après, & comprime à son tour l’air dont elle est environnée, & celui-ci en fait de même ; & ainsi succeffivement de loin en loin : d’où résulte dans toutes les parties de l’air, jusqu’à une certaine distance, un mouvement d’oscillation dans lequel consiste le son.


Pour s’en former une idée, qu’on conçoive une file de ressorts se soutenant tous en équilibre ; que le premier soit tout-à-coup comprimé violemment par un choc ou autrement ; en faisant effort pour se restituer, il comprimera celui qui suit, celui-ci comprimera le troisième, & ainsi de suite jusqu’au dernier, ou au moins jusqu’à une très-grande distance, car le second sera un peu moins comprimé que le premier, le troisième un peu moins que le second, &c. en sorte qu’à une distance plus ou moins grande, la compression sera presque nulle, & enfin nulle. Mais chacun de ces ressorts, en se rétablissant ; passera un peu le point d’équilibre ; ce qui occasionnera dans toute la file mise en mouvement, une vibration qui durera plus ou moins long-temps, & cessera enfin. De-là vient qu’aucun son n’est instantanée, mais dure toujours plus ou moins suivant les circonstances.

L’autre manière de former du son, consiste à produire dans un corps élastique, des vibrations assez promptes pour exciter dans les parties de l’air qui l’avoisinent, un mouvement semblable. C’est ainsi qu’une corde tendue rend un son quand on la pince : il ne faut qu’avoir des yeux pour appercevoir ses allées & venues. Les parties élastiques de l’air, frappées par cette corde dans ses vibrations, sont mises elles-mêmes en vibration, & communiquent ce mouvement à leurs voisines, &c. Tel est encore le mécanisme par lequel une cloche produit du son : lorsqu’on la frappe, ses vibrations sont sensibles à la main de celui qui la touche.

Si l’on doutoit des faits ci-dessus, voici quelques expériences qui les mettent dans un nouveau jour.

Première expérience.

Remplissez à moitié d’eau un vase, comme un verre à boire, & après l’avoir affermi, passez sur le bord votre doigt un peu mouillé, vous en tirerez un son, & vous verrez en même-tems l’eau frémir, & former des ondulations, jusqu’à faire réjaillir de petites gouttes. Qui peut produire dans l’eau un pareil mouvement, sinon les vibrations des parties du verre ?

Seconde expérience.

Si l’on renferme sous le récipient d’une machine pneumatique une cloche, qui ne touche à aucune partie de la machine, & qu’on en pompe l’air lorsqu’on fera sonner cette cloche, on sentira qu’à mesure que l’air est évacué & devient plus rare, le son s’affaiblit, au point de ne plus rien entendre quand le vuide est aussi parfait qu’il