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Page:Encyclopédie méthodique - Amusements.djvu/19

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8 ACO ACO


conçoive deux obstacles A & B, [ fig. i, Pl. i, amusemens d’acoustique] opposés l’un à l’autre, & la cause productrice du son entre deux, au point S ; le son produit dans la direction de S en A, après être revenu de A en S, sera répercuté par l’obstacle B, & reviendra en S ; puis, après avoir parcouru : SA, il éprouvera une nouvelle répercussion qui le reportera en S y puis il reviendra encore en S, après avoir frappé l’obstacle B ; ce qui continueroit à l’infini, si le son ne s’affoiblissoit pas continuellement. D’un autre côté, le son se produisant aussi également de S vers B que de S vers A, il sera aussi renvoyé d’abord de B vers S ; puis, après avoir parcouru l’espace SA, de A vers S ; ensuite de nouveau de B vers S, après avoir parcouru SB ; & ainsi, de suite, jusqu’à ce que le son soit entièrement amorti.

Ainsi l’on entendra le son produit en S, après des temps qui pourront être exprimés par 2 S A, 2 S B, 2 S B + 2 S A ; 4 S A + 2 S B, 4 S B + 2 S A ; 4 S A + 4 S B ; 6 S A + 4 S B ; 6 S B + 4 S A ; 6 S A + 6 S B, &c ; ce qui formera une répétition de sons, égaux après des intervalles égaux, lorsque S A sera égale à S B, & même lorsque S B sera double de S A ; mais lorsque S A sera, par exemple, le tiers de S B, il y aura cela de remarquable, qu’après la première répétition il y aura une espèce de silence double, puis succéderont trois répétitions à intervalles égaux ; ensuite il y aura un silence double de l’un de ces intervalles, puis trois répétitions à intervalles égaux, aux premiers ; & ainsi de suite, jusqu’à ce que le son soit absolument éteint. Les différens rapports des distances S A, S B, feront ainsi naître différentes bizarreries dans la succession de ces sons, que nous avons cru devoir remarquer comme possibles, quoique nous ne sçachions pas qu’on les ait observées.

Il y a des échos qui répètent plusieurs mots de suite les Uns après les autres ; cela n’a rien de surprenant, & doit arriver toutes les fois que l’on sera à une distance de l’écho, telle que l’on ait le tems de prononcer plusieurs mots avant que la répétition du premier soit parvenue à l’oreille.

Il y a divers échos qui ont acquis une sorte de célébrité par leur singularité, ou par le nombre de fois qu’ils répètent le même mot. Misson, dans sa description de l’Italie, parle d’un écho de la vigne Simonetta, qui répétoit quarante fois le même mot.

A Woodstock en Angleterre, il y en avoit un qui répétoit le même son jusqu’à cinquante fois.

On lit dans les Transactions Philosophiques, année 1698, la description d’un écho encore plus singulier, qu’on trouve près de Rosneath, à quelques lieues de Glascow en Écosse. Un


homme, placé de la manière convenable, joué un morceau d’air de trompette, de 8 à 10 notes ; l’écho les répète fidèlement, mais une tierce plus bas : après un petit silence, on en entend encore une nouvelle répétition sur un ton plus bas : succède ensuite un nouveau silence, qui est suivi d’une troisième répétition des mêmes notes, sur un ton plus bas d’une tierce.

Un phénomène analogue, est celui que présentent ces chambres où une personne, placée dans un endroit, & prononçant, à voix basse quelques mots, est entendue uniquement de celle qui est placée à un certain autre endroit déterminé. Muschembroeck parle d’une pareille chambre, qu’il dit être dans le château de Cléves. Il y a peu de personnes qui aient été à l’Observatoire royal de Paris, sans avoir fait la même expérience dans un sallon du premier étage.

Les physiciens s’accordent unanimement à attribuer ce phénomène à la réflexion des rayons sonores qui, après avoir divergé de la bouche de celui qui parle, sont réfléchis de manière à se réunir dans un autre point. Or l’on conçoit aisément, disent-ils, que cette réunion renforçant le son dans ce point, celui qui aura l’oreille placée tout près l’entendra, quoique ceux qui en seront éloignés ne puissent l’entendre. C’est ainsi que les rayons qui partent du foyer d’un miroir elliptique, se réunifient à l’autre foyer.

Je ne sçais si le sallon du château de Cleves, dont parle Muschembroeck, est elliptique, & si les deux points où doivent se placer celui qui parle & celui qui écoute, sont les deux foyers ; mais, à l’égard du sallon de l’Observatoire de Paris, cette explication n’a pas le moindre fondement, car :

1°. La salle de l’écho, ou, comme on l’appelle, des Secrets, n’est nullement elliptique ; c’est un octogone sur son plan, & dont les murs, à une certaine hauteur, sont voûtés de la manière qu’on appelle en terme de l’art arc de cloître, c’est-à-dire par des portions de cylindre qui, en se rencontrant, forment des angles rentrans, qui continuent ceux qui sont formés par les côtés de l’octogone qui en est le plan.

2°. On né se place pas à une distance médiocre du mur, comme cela devroit être pour que la voix partît d’un des foyers de l’ellipse composée : on applique la bouche dans un des angles rentrans, & fort près du mur ; alors une personne qui a l’oreille placée du côté diamétralement Opposé, & à-peu-près à même distance du mur, entend celui qui lui parle de l’autre côté, même à voix fort basse.

Il est conséquemment évident qu’il n’y a ici nulle réflexion de la voix, conformément aux loix de la catoptrique j niais l’angle rentrant,


continué