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Page:Encyclopédie méthodique - Amusements.djvu/32

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à Sparte l’humiliation de voir en public retrancher quatre des cordes qu’il avoit ajoutées à fa lyre. Le sévère Spartiate pensa que cette innovation tendoit à amollir les mœurs, en introduisant une musique plus étendue & plus figurée. Cela prouve du moins que les grecs étoient dans ia persuasion que la musique avoit surjes mœurs une influence particulière,. & que le gouvernement, devoit y avoir l’œeil.

. Eh ! qui peut douter que la musique ne soit capable7de produire cet effet ? Qu’on s’intërroge : soi-même & qu’on consulte ses dispositions lorsqu’on a entendu un air grave & majestueux, un air guerrier, ou bien’un, air tendre joué ou chanté.-avec sentiment ; qui ne sent qu’autant les premiers semblent élever l’ame,. autant le ; dernier tend, à l’amollir & à la disposer à la volupté ? combien de Clytémnestres-ont cédé plus encore au musicien qu’à l’ariiant ! Divers, traits de la musique moderne la mettent à cet égard, en parallèle avec fancienne.

En effet, la musique moderne a eu aussi son Tlmothéè, qui.excitpit Sycalmoit à.son.-gré lês mouvement les plus Impétueux.. On’raconte de Claudin le jeune, célèbre, musicien du temps de Henri III, (vcyei le journal de Sancy).que’ce prince dormant un concert pour les noces du duc de Jo}’ëuse, Claudin fit exécuter certains airs, qui affectèrent tellement un jeune seigneur, qu’il mit l’épé.e àTa’main, provoquant tout le monde ; aù combat ; hiais j aussi prudent que.Timothëe, Claudin fit pastèr sur-le-champ à un air, apparemment sous-phrygien, qui calma le jeune homme emporté., ,..-

Que dirons-nous de Stradeíla, des assassins duquel la musique de ce fameux compositeur fit tomber une fois le. poignard ? Stradeíla avoit enlevé à un Vénitien ík : maîtresse. Se s’étoit sauvé aPiOme : le Vénitien gagea treis scélérats pour l’aller assassiner ; mais heureusement pour Stradeíla, ils avoieut l’oreille sensible à la musique. Guettant s donc le moment de sàîre leur coup, ils entrèrent à Saint-Jean dé Latran, ou l’on exécutoit « un oratorio dé celui qu’ils dévoient tuer : ils en furent si affectés, qu’ils renoncèrent à leur projet, & allèrent même trouver le musicien, à qui ils firent part du danger qu’il couroit. U est vrai que Stradeíla n’en fut pas toujours quitte à aussi bon marché : d’autres scélératsgagés par le Vénitien, & qui apparemment n’avoient point d ? oreillë, le’poignadèrent peu de temps après à. Gènes. » Cela s’est passé vers 1670.

Il n’est personne qui ignore l’histoire de la tarentule. Le remède à la morsure de cet insecte est la musique. Ce fait, au reste, qui a passé autrefois pour certain, est aujourd’hui contesté. Quoi qu’il en.soit le bon père Schot nous a trans-


mis dans sa Mursurgia curiosa, l’air de la tarentule, qui m’a paru assez plat, ainsi que celui qu’il donne comme employé par les pêcheurs Siciliens pour attirer les thons dans leurs filets. Il est vrai que les poissons ne sont probablement pas grands connoisseurs en musique.

On raconte divers traits de personnes à qui la musique a conservé la vie, eri Opérant une forte de révolution dans leur constitution. J’ai connu’une. femme qui, attaquée depuis « plusieurs mois » dé vapeurs, & opiniâtrement renfermée chez elle, avoit résolu de s’y laisser mourir. On la détermina, non sans grande peines, à voir une répré ;. sentitionde la Serva padrona : elle en sortit presque guérie, & abjurant ses noirs projets, quelques représentations de plus la guérirent entièrement.

Il y a en Suisse un air.célèbre,.appelle le ranir des vaches, qui fàisoit sur les Suisses engagés au service de France, un effet si extraordinaire, qu’ils ne manquoient pas ; de toriiber dans une., mélancolie mortelle quand ils l’avoient entendu : aussi Louis XIV avoit-il défendu fous, des peines très-rgraves, de-le jouer en Fraricè.-J’ai oui parler d’un air écossois, aussi dangereux pour ceux de cette nation. «  y » ’,’—

La plupart des animaux, jusqu’aux insectes, ne sont pas insensibles au plaisir de la musique. Il n’est. peut-être aucun musicien à qui il ne soit arrivé dé voir des araignées descendre le long de leurs fils pour s’approcher de l’instrument ;’car j’ai éu.plusieurs fois cette satisfaction. J’ai vuun chien qui, à unadagio d’une sonate.de Sennaliez, ne manquoit jamais de donner des marques d’une attention’& d’un "sentiment particulier, qu’il témoignoit par des hurlêmens.

Croirons-nous néanmoins le fait rapporté par Bonnet, dans son histoire de la musique ? 11 raconte qu’un officier ayant été mis à la bastille, obtint la permission d’y avoir un luth, dont il touchoit très-bien. II n’en eut pas fait usage pendant quatre jours, que les souris sortant de leurs trous 8c jes araignées descendant du plancher par leurs fils, vinrent participer à ses concerts. Son aversion poUr ces animaux lui rendit d’abord cette visite fort déplaisante, Se lui fit suspendre cet exercice ; mais ensuite il s’y accoutuma tellement, qu’il s’en fit une sorte d’amusement. —

Le même auteur raconte avoir vu en i6"88’-> dans Une maison de plaisance de-milord Portland > en Hollande, où il étoit en ambassade, une écurie où il y avoit une tribune, qu’on lui dit servir à donner une sois la semaine un concert aux chevaux ; & on lui ajouta qu’ils y paroissoient fort sensibles. C’est pousser, il faut eri convenir, biens Toin l’attention pour les chevaux. Peut-être, &