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Page:Encyclopédie méthodique - Amusements.djvu/42

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AIG AIM 51


nuance noirâtre, & de la rendre moins éclatante & moins belle. Au reste, il suffiroit d’employer un beau verre blanc, dans lequel il n’entré point de magnésie. Prenez donc de la fritte de crystal ou verre blanc, tel qu’on vient de l’indiquer ; mettez-là dans le creuset sans magnésie. Lorsque le verre sera bien cuit & purifié, enlevez soigneusement avec la cuiller de fer des verriers le sel qui surnagera au verre comme de l’huile ; sans cette précaution, la couleur deviendra louche, & le verre sera gras. Lorsque le verre sera bien purifié, sur vingt livres de crystal, vous mettrez six onces d’oripeau calciné & une dose de safre préparé, qui n’excède pas le quart, en observant de bien mêler ces deux poudres, & de ne les mettre dans le creuset que petit à petit & en trois reprises ; car l’oripeau bien calciné enfle de façon à faire sortir tout le verre du creuset ; il faudra donc y prendre garde, & remuer continuellement le verre. Il faut aussi avoir attention, en ajoutant le saffe, de ne le mêler qu’avec précaution, & de n’en mettre que peu d’abord, les proportions ne pouvant être indiquées précisément, attendu qu’il y en a des espèces plus mélangées de sable les unes que les autres. On laissera ensuite reposer le mélange pendant trois heures, afin qu’il prenne bien la couleur ; on le remuera dé nouveau, & l’on essaiera si la couleur est telle qu’on la demande, afin de la rendre plus claire pu plus foncée, suivant l’exigence des cas. Les petits vases minces demandent une couleur plus foncée, & les grands une couleur plus claire. Le choix de la nuance dépend donc des ouvrages qu’on veut faire : il est néanmoins d’usage de foncer, moins que plus la couleur ; car il est toujours aisé de remédier au premier défaut lorsque le Verre, est bien pur.

Vingt-quatre heures après avoir ajouté la couleur, on pourra travailler le verre, observant, avant d’y mettre la main, de bien remuer le mélange, afin que la couleur soit égale par-tout ; car, lorsque le verre repose, la couleur tombe au fond, & la partie supérieure du verre ne se çolore point. Il faut observer les mêmes règles pour les grands vases de crystal. Il est bpn de savoir qu’à Murano on prend pour cet ouvrage égale quantité de fritte de crystal & de celle de roquette ; ce qui donne une couleur d’aiguë-marine qui n’est guères moins belle ; cependant, pour la plus parfaite, il ne faut que de la fritte de crystal.

Voici encore une autre manière de préparer une couleur bleue d’aiguë-marine.

Il faut placer dans le fourneau un creuset rempli de verre bien purifié, dont la fritte soit faite avec la roquette ou de la soude d’Espagne : celle où il entre de la roquette est cependant préférable pour cette opération. Après que le verre


aura été bien purifié, qu’on mette vingt livres de verre, six onces d’oripeau bien calciné par lui-même. On aura soin d’ôter le sel qui surnagera au verre, & l’on aura un beau bleu, ou une couleur d’aiguë-marine admirable, que l’on pourra augmenter ou affoibiir, selon les ouvrages qu’on en voudra faire ; au bout de deux heures, il faudra remuer la matière de nouveau, & essayer si la couleur est telle qu’on la demandé ; sinon, il sera aisé de la rendre plus claire ou plus foncée, en ajoutant de nouvelle poudre. Lorsqu’on aura le point désiré, on laissera la matière, sans y toucher pendant 24 heures ; au bout desquelles il faudra la bien remuer. Alors on pourra la travailler. On aura de cette façon un bleu d’aiguë-marine d’une couleur différente de toutes celles qu’on emploie dans l’art de la verrerie.

AIMANT. L’aimant est une pierre métallique, ordinairement grisâtre ou noirâtre, compacte & fort pesante, qu’on trouve assez communément dans les mines de fer. Elle n’affecte aucune forme particulière, & n’a rien extérieurement qui la distingue des productions les plus viles des entrailles de la terre. Mais sa propriété d’attirer le fer ou de le repousser, de se diriger au nord lorsqu’elle a toute la liberté de se mouvoir, lui donne un rang distingué parmi les objets les plus singuliers de la nature.

Cette pierre n’est, à proprement parler, qu’une mine de fer, mais du nombre de celles qu’on appelle pauvres, parce qu’elles ne contiennent qu’une fort petite quantité de ce métal. Les métallurgistes modernes sont en effet venus à boût d’en tirer du fer. Mais, outre que sa fusion est très-difficile, il y est en si petite quantité qu’il ne dédommagerait pas d’une fort petite partie des frais dë l’exploitation.

Pourquoi donc toutes les mines de fer ne sont-elles pas des aimants ? Voilà une question à laquelle je ne crois pas qu’on ait jamais répondu. Cela vient sans doute d’une combinaison particulière du fer avec les parties hétérogènes auxquelles il est allié. Peut-être y entre-t-il quelque principe, qui n’entre point dans les autres mines de ce métal ; mais nous convenons que ce n’est rien dire. Il n’est pas, au surplus, impossible que la chymie découvre quelque jour en quoi consiste cette combinaison ; & peut-être notre ignorance profonde sur les causes physiques de l’action de l’aimant ne vient-elle que de ce que les chymistes se sont jusqu’à présent peu occupés de cette production de la nature.

L’aimant étoit autrefois assez rare. Le nom de magnes qu’il portoit, tant chez les grecs que chez les latins, paroît lui venir de la Magnésie, province de la Macédoine, où il se trouvoit en plus grande quantité, ou qui fournit les premiers