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VIS VOI 869


drez faire, (c’est le mot pour dire atraper) mettez cette bouteille sur la table, avec cette étiquette, vin de Champagne. Priez le gourmet de la déboucher après lui avoir fait rincer un verre ; il n’aura pas plutôt détaché le cuir ou le parchemin, que le bouchon repoussé par l’air comprimé, sautera au plancher avec explosion, & votre homme concluant de-là que le vin est bon, se trouvera bientôt confus, de voir que vous ne lui avez servi autre chose qu’un plat de votre métier.

(Décremps).

VIPERES. On voit quelquefois des personnes qui se font passer pour sorciers, parce qu’elles manient des vipères & des serpents dangereux, sans en être mordues. Cet art enchanteur qui a fait autrefois l’étonnement des Romains, & qui a immortalisé les Marii & les Prilli, n’est rien moins que magique. Il ne s’agit que d’arracher les dents à ces reptiles, c’est-là toute la magie.

La manière de faire cette opération est très-facile : on présente le bord d’un chapeau au serpent qui le serre fortement avec ses dents ; on retient le corps de l’animal avec quelque chose, & on retire subitement le chapeau qui les lui arrache, alors il ne peut plus mordre, faire de blessure, & introduire son venin qui, par ce moyen là n’est plus dangereux.

VISAGES que l’on rend hideux.

Faites fondre du sel, & du safran, dans de l’esprit de vin ; imbibez en un morceau d’étoupe, & mettez-y le feu. À cette lumière les personnes blanches deviennent vertes, & l’incarnat des lèvres & des joues, prend une couleur d’olive foncée. (Pinetti).

VITRES.

Manière d’enduire les vîtres d’un vernis qui, sans ôter la transparence, empêche les rayons du soleil de pénétrer.

Faites bouillir trois livres de cendres de sarment dans une suffisante quantité d’eau commune, en remuant toujours pendant deux heures : laissez rasseoir cette lessive et la filtrez. Il faut qu’il reste environ cinq pintes de lessive filtrée.

Ajoutez une livre de salpêtre raffiné, & faites bouillir le tout jusqu’à siccité, ou jusqu’à ce que toute la lessive soit évaporée.

Laissez ensuite réfroidir, mettez ce résidu dans deux pintes de vinaigre distillé ; après la dissolution, faites distiller encore le vinaigre, & faites la même opération trois fois en cohobant le même vinaigre à chaque fois.

Oignez les vitres de ce vinaigre des deux côtés, les rayons du soleil n’y passeront pas ; mais après les avoir points, il faut les recuire.

VOCABULAIRE ÉNIGMATIQUE. (Voyez à l’article Devin de la ville).

VOIX FAUSSE. Une belle voix est sans contredit, préférable à tous les instruments. Quel regret n’ont pas bien des personnes d’avoir la voix fausse ? mais ce défaut n’est pas le plus ordinairement un vice de l’organe qui dans presque tous les hommes est construit de même : tout le mal vient des oreilles ; c’est dans ces organes une inégalité de force qui fait que chacune des oreilles éprouvant une sensation de son inégale, on entend nécessairement des sons faux, & que la voix est nécessairement fausse, parceque l’on cherche à chanter comme l’on croit entendre chanter les autres. M. Vandermonde médecin, a fait une expérience bien simple, qu’il rapporte dans son Essai sur la manière de perfectionner l’espèce humaine, & que l’on peut répéter sur les enfants qui s’annoncent avec une voix fausse, afin d’y apporter remède dans cette âge tendre où les organes sont encore susceptibles de modification.

La voici telle qu’il la décrite. Je choisis un jour serein, je me plaçai dans un lieu spacieux, je fixai un endroit que je ne quittai pas, & que je réservai pour faire mes expériences ; je bouchai ensuite indifféremment une des oreilles de la personne qui servoit à ces nouvelles épreuves ; je la fis reculer & éloigner de moi, jusqu’à ce qu’elle n’entendît plus la sonnerie d’une montre à répétition que je tenois dans mes mains, ou du moins jusqu’à ce que le son du timbre ne produisît qu’une très foible impression sur son organe : je la priai de s’arrêter dans cet endroit : j’allai aussi-tôt à elle, je lui débouchai son oreille & lui rebouchai l’autre, en observant de lui faire fermer la bouche, de peur que le son ne se communiquât à l’oreille par la trompe d’Eustache ; je retournai à ma place marquée, & je recommençai à faire sonner ma montre ; pour lors elle fut toute surprise de s’apercevoir qu’elle entendît passablement ; je lui fis signe de s’éloigner encore jusqu’à ce qu’elle n’entendît presque plus. Il résulte de ces expériences, que dans les personnes qui ont la voix fausse il y a dans les oreilles inégalité de force ; le moyen d’y remédier dans les enfants, est de s’assurer par cette expérience quelle est l’oreille la plus foible : alors on ne peut mieux faire, à ce que je crois, dit M. Vandermonde, que de la boucher autant qu’il est possible, & de profiter de ce temps précieux pour exercer souvent l’oreille la moins forte, sans cependant la fatiguer. Celle qui est ainsi ac-