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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T2.djvu/395

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FEC FEN


même chose, tant pour la ville que pour la campagne. Les maisons de Pline, dont on a rapporté des descriptions (voyez Campagne (Maison de)), étoient très-éclairées, ainsi que l’étoit l’édifice dont Lucien nous a laissé la description. (voyez Hippias.)

Il y a plusieurs lois romaines qui prouvent qu’on avoit une grande attention à ce que des voisins incommodes ne vinssent pas dérober la vue aux maisons, soit de ville, soit de campagne.

Nous avons dit que les fenêtres des maisons étoient petites : on l’a souvent conclu du passage de Cicéron qu’on va rapporter, quoiqu’il soit aussi permis d’en tirer une conséquence contraire. Cicéron (Epist. ad Attic., lib. II, epist. 3) répond à la critique que lui avoit adressée Atticus contre la petitesse des fenêtres d’une maison de campagne qu’il faisoit bâtir. Vous blâmez, lui dit-il, mes fenêtres, de ce qu’elles sont étroites ; apprenez que c’est blâmer la Cyropédie. Cyrus, mon architecte, à qui j’ai communiqué vos reproches, prétend que la transmission des images des objets est beaucoup moins agréable à travers de larges fenêtres. (Radiorum τὰς διαφάσεις latis Inminibus non tam esse suaves.) En effet, soit A l’œil qui voit, B & C l’objet qu’il voit, D & E les rayons qui vont de l’objet à l’œil, vous comprenez bien le reste. Ainsi la censure d’Atticus est une preuve que si l’architecte Cyrus avoit fait à Cicéron des fenêtres étroites, & s’il se trouvoit des gens de goût qui l’en blâmoient, cet usage n’étoit pas général.

De quelle manière les fenêtres, chez les Anciens, pouvoient-elles introduire le jour dans les intérieurs, & préserver de l’intempérie des saisons ? Cette question, comme l’on voit, touche à celle qu’on a souvent faite sur le genre de carreaux ou de matières transparentes qui étoient en usage. La réponse à cette question se trouvera aux mots Verre, Vitraux, Spéculaire. (Voy. ces mots.)

Il est constant que l’usage des fenêtres, considérées sous le rapport de leur nombre, de la grandeur de leur ouverture & de leur position, dépend dans chaque pays, non-seulement des coutumes de la vie civile, mais aussi du climat et de la température. Les circonstances morales supposées égales, les fenêtres fseront moins multipliées dans un pays chaud que dans un pays froid ; & là où le soleil se montre moins, où les jours sont & plus courts & plus nébuleux, on éprouvera le besoin d’augmenter & d’agrandir les ouvertures qui transmettent la lumière. C’est une des causes qui rendent, en quelques pays, la forme des fenêtres moins propre à s’accommoder avec la belle architecture.

A l’article Croisée (voyez ce mot), on a traité tout ce qui a rapport à l’architecture, en fait de fenêtres ; on a parlé de leur proportion de leur distribution, de leur forme, de leur décoration. Nous ne pourrions donc rien ajouter ici qui fut, à proprement parler, du ressort de l’art. Si l’on s’est étendu sur l’existence, l’usage & les variétés des fenêtres dans l’antiquité, c’est que cette partie des édifices que le temps a détruits est devenue, pour les Modernes, un point assez problématique, & qu’il reste encore plus d’une obscurité dans ce sujet. On n’a pas les mêmes raisons en parlant des fenêtres dans les bâtimens modernes. Tout le monde connoit tout ce qu’on peut dire de l’emploi qu’on en fait & de la diversité de leurs configurations. Nous nous bornerons donc à la simple nomenclature des dénominations qui en expriment les variétés.

Fenêtre à balcon est celle qui s’ouvre dans toute la hauteur de l’appartement & jusqu’au plancher, & dont l’appui en dehors est fermé par des entrelas ou des balustres. On en voit de semblables au château de Versailles, du côté du jardin.

Fenêtre atticurge. Fenêtre dont l’appui est plus large que le linteau, c’est-à-dire, dont les pieds-droits montans ne sont ni d’aplomb ni parallèles entr’eux. Telles sont, dans l’antique, les fenêtres du temple de la Sybille à Tivoli ; chez les Modernes, celles du palais Sachetti, & celles de la coupole de l’église de la Sapience à Rome. On a nommé ainsi cette sorte de fenêtre, parce qu’elle ressemble à la porte que Vitruve a appelée Atticurge. (Voyez ce mot.)

Fenêtre avec ordre. On appelle ainsi celle qui, outre son chambranle, est enrichie de petits pilastres ou de petites colonnes avec leur entablement. Ces fenêtres ainsi décorées prennent le nom de l’ordre auquel appartiennent les colonnes ou pilastres qui les décorent. Ainfi les fenêtres du premier étage du palais Farnèse à Rome sont corinthiennes, & celles du second étage sont ioniques.

Fenêtre biaise. C’est une fenêtre dont les tableaux de baie (voyez ce mot), quoique parallèles, ne sont pas taillés d’équerre avec le mur de face. On y pratique ce biais pour faciliter ou augmenter, selon le local, l’introduction de la lumière dans l’intérieur d’une pièce.

Fenêtre nommée, celle dont la fermeture n’est qu’une portion d’arc ou d’une courbe elliptique. On en voit beaucoup ainsi au Louvre. Cette forme est bâtarde, & elle a peu de caractère.

Fenêtre cintrée, celle dont la fermeture est une demi-circonférence de cercle ou une demi-ellipse. Telles sont beaucoup de fenêtres à rez-de chaussée ; telles sont celles du premier étage du château de Versailles.

Fenêtre dans angle. Fenêtre qui est si proche de l’angle rentrant d’un bâtiment, que son tableau de baie n’a point de dosseret. On appelle aussi