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trémité aiguë d’un corps quelconque ; c’est l’angle ou l’encoignure d’un bâtiment, d’une île, d’un môle, d’un quai.

C’est le sommet de l’angle d’un fronton ; c’est l’extrémité supérieur d’un comble, d’un clocher, d’une pyramide, d’un obélisque, etc.

On appelle pointe de pavé la jonction, en manière de fourche, des deux ruisseaux d’une chaussée en un ruisseau, entre deux revers de pavé.

Pointe, est un outil de fer aigu, dont on se sert dans beaucoup d’ouvrages en pierre, marbre, etc.

Pointe de compas. C’est la partie inférieure des jambes d’un compas, et il y en a de plus d’une sorte. La pointe simple est celle qui est ordinairement d’acier. La pointe au crayon est celle qui doit, à son extrémité, recevoir un bout de crayon. La pointe à l’encre est faite en manière de plume. La pointe courbe est celle qui forme une portion de cercle dans les compas des appareilleurs et des ouvriers, pour prendre des épaisseurs et mesurer des diamètres.

Pointe de diamant, se dit des pierres qui, dans les paremens à bossage, sont taillées à facettes, comme des diamans.

POINTER, v. act. On dit pointer une pièce de trait. C’est, sur un dessin de coupe de pierre, rapporter avec le compas, le plan ou le profil au développement des panneaux. C’est aussi faire la même opération en grand, avec la fausse équerre, sur des cartons séparés, pour en tracer les pierres.

POINTES, s. f. pl. Ce sont des clous longs et déliés, avec une petite tête ronde, qui servent à attacher les targettes, les verroux, etc. , et dont on ferre les grandes fiches.

POITRAIL, s. m. Grosse pièce de bois, comme une poutre, destinée à porter, sur des piédroits, ou jambes étrières, un mur de face, les trumeaux d’une maison, ou un pan de bois.

POLA, ville antique, et autrefois une des plus considérables de l’Istrie, a conservé beaucoup de vestiges de son ancienne splendeur. Elle fut jadis le centre d’une république, comme l’atteste l’inscriptition respublica polensis, gravée sur la base d’une statue élevée à l’empereur Septime-Sévère, inscription que l’on voit encore à l’entrée de l’église de Pola.

Le monument qu’on aperçoit de plus loin en arrivant par la mer, sur le bord de laquelle il paroît situé, est l’amphitéâtre, dont les murailles extérieures sont encore entières. Sa forme est semblable à celle de tous les monumens de ce genre. Il a trois étages, dont chacun est percé de soixante-douze arcades, en tout deux cent seize. Il ne reste que la cage de l’édifice, Il est flanqué de quatre contre-forts, c’est-à-dire, de quatre montans en saillie et de la même ordonnance, dont nous avons rendu compte à l’article Amphithéatre, et que nous avons expliqués par la supposition qu’ils étoient la cage de quatre escaliers de bois qui conduisoient par-dehors aux divers étages des gradins, qu’on croit aussi avoir été faits en bois. On pense généralement que les pierres dont ce monument est bâti, ont été tirées des carrières de l’Istrie ; quoiqu’elles soient fort belles, et encore très-saines, elles ne paroissent pas être du genre de celles qu’on nomme pierres d’Istrie, espèce de marbre assez rare, et dont on fait des colonnes précieuses.

La ville de Pola a conservé l’ensemble de deux temples qui étoient placés parallèlement et en pendant l’un avec l’autre. De ces deux temples, l’un a perdu les colonnes de son péristyle ; l’autre est encore entier, et son inscription apprend qu’il étoit dédié à Rome et à Auguste. Il a douze pieds de large, sur à peu près vingtquatre de longueur. L’intérieur de la cella fait la moitié de la longueur ; l’autre moitié est pour le pronaos et le péristyle, lequel se compose de quatre colonnes en avant, de deux en retour, en comptant deux fois celles des angles, sans compter les pilastres des autres. C’est précisément ce que Vitruve appelle un temple prostyle.

L’ordre est corinthien ; les chapiteaux sont ornés de feuilles d’olivier, et leurs caulicoles sont recouvertes de feuilles de chêne. Les faces de l’architrave vont en diminuant de largeur du bas en haut ; elles ne sont point d’à-plomb, mais elles vont per retraite en montant. On voit, dans le fronton de devant, une sorte de médaillon, et le fronton de derrière en a un semblable. Cette dernière face est beaucoup plus simple que celle de devant. Dans le pourtour de l’édifice règne une frise très-belle, sculptée en enroulemens de feuillages, et l’on pense que cette architecture est digne du siècle d’Auguste. Les colonnes de cet édifice sont, autant qu’on en peut juger, d’une espèce de brocatelle, qui ressemble à la brèche d’Egypte. Le reste du temple est de marbre blanc. Au frontispice, et de chaque côté de l’inscription, est sculptée une Victoire ailée, tenant une colonne.

Quelques ruines, auxquelles l’opinion populaire donne le nom de palais de Julie, présenteroient une obscurité difficile à percer, s’il falloit deviner à quelle Julie cet édifice auroit appartenu. Quoi qu’il en soit, il n’en reste plus que quelques pierres éparses, auxquelles on auroit fait peu d’attention, sans la tradition qu’on a rapportée sur l’ancienne destination de ces ruines ; l’architecture d’ailleurs en est tellement effacée, que l’on ne sauroit tirer de son style la moindre conjecture, sur l’âge qui la vit élever.

Il y avoit encore à Pola un théâtre dont il

Diction. d’Archit. Tome III
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