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guère autre chose pour donner à leurs statues ce dernier poli qui fait disparoître toutes les traces de l’outil, et souvent aussi les aspérités du la matière.

PONCEAU, subs. mas. Nom qu’on donne à un petit pont d’une seule arche, pour passer un ruisseau ou un petit canal.

PONCER, v. act. C'est employeur de la pierre ponce à polir les matières sur lesquelles elle a prise.

Poncer se dit encore d’une pratique de l’art du dessin, dans laquelle probablement on emploie d’abord la poussière de la pierre-ponce. Cette pratique consiste dans l’opération de piquer le contour d’un dessin avec la pointe d’une aiguille, et de faire passer une poussière très fine et colorée par ces trous, qui marquent ainsi les traits et les contours du dessin qu'on veut calquer. On se sert de cette pratique très-volontiers pour la broderie.

PONCIS, s. m. On appelle ainsi le dessin ou l’estampe dont les traits et les contours sont piqués à jour avec l’aiguille, et qui sert de patron pour en faire de semblables.

PONCTUER, v. act. C’est marquer ou exprimer par des points, dans la délinéation de l’architecture, certaines parties saillantes, comme les voûtes, les saillies des corniches, et beaucoup d’autres choses, que l’on veut tout à la fois faire concevoir, ou faire supposer, sans en donner le détail.

PONT, sub. m. Si on définit un pont sous le rapport de son emploi, c’est un chemin suspendu, porté sur divers genres de supports, et élevé par l’art pour faire traverser une rivière, un canal, un fossé, un intervalle quelconque entre des terres ou des montagnes, etc.

Si on définit un pont sous le point de vue de son exécution, c’est un ouvrage de construction fait de différentes matières, par des procédés divers, dont l’objet est d’offrir un chemin sûr, solide el approprié aux convenances et aux besoins des temps, des lieux et des peuples.

Cette double définition fait déjà connoître quelle multiplicité de notions un pareil sujet pourroit embrasser, si l’on prétendoit réunir sous ce titre les travaux en ce genre de tous les peuples et de tous les temps, tracer l’esquisse de l’origine et des progrès de l’industrie appliquée à cette sorte d’ouvrages, faire connoître en détail les moyens que la nature et l’art ont suggérés aux hommes pour construire de tels édifices, donner une idée des variétés de formes appliquées par l’architecture à leur embellissement, décrire les ouvrages les plus remarquables par lent étendue ou leur masse, et entrer dans les procédés de leur construction.

Nous nous croyons dispensés de donner à cet article un semblable degré d’importance. D’abord, le Dictionnaire des Ponts et Chaussées ayant pour objet d’embrasser tout ce qui a rapport a la science de la construction, et le Dictionnaire d’antiquités, ce qui concerne les plus anciennes notions en cette matière, nous ne pourrions qu’offrir ici le tableau raccourci et par trop incomplet d’un sujet si étendu. Ensuite, un grand nombre d’articles de notre Dictionnaire a déjà parcouru plus d’une de ces notions, qui, appartenant à la construction en général, sont communes à celle des ponts, et d’autres simplement descriptives, qui font partie de la biographie des plus célèbres, architectes. C’est pourquoi cet article se bornera à un résumé succinct de l’historique des ponts dans les temps anciens et modernes, et des principaux systèmes ou moyens de construction employés jusqu’à nos jours dans ces ouvrages.

NOTIONS HISTORIQUES ET CHRONOLOGIQUES SUR LES PONTS

Ceux qui se plaisent à remonter, en chaque genre d’inventions, aux premiers essais que le besoin des sociétés naissantes dut inspirer à l’instinct de l’art de bâtir, trouvent avec beaucoup de vraisemblance l’origine des ponts dans les radeaux. On abattoit, disent-ils, des arbres au bord des rivières qu’on vouloit traverser, et on les couchoit en travers sur leur courant. Ces arbres couverts de fascines, de terre et de gazon, ont pu former un chemin sur lequel il bit possible de passer des ruisseaux ou de petites rivières.

En effet, dans tous les temps, l’art de se créer des passages sur des courans d’eau, a dû être proportionné à la largeur, à la rapidité de ces courans. Ce que des peuplades à demi sauvages ont pu essayer de la manière qu’on vient de décrire, n’a pu avoir lieu sur des rivières plus larges et plus profondes.

Si l’on recherche en spéculation l’espèce de pont qui, dans l’ordre des premières inventions, a dû succéder aux radeaux, il paroîtra vraisemblable que la seconde sorte d’essais dut consister à assembler des bateaux liés entr’eux dans le travers du courant d’une rivière. Cette manière de traverser les fleuves, usitée dans les opérations militaires, s’est perpétuée jusqu’à nos jours au milieu de quelques villes.

Les ponts de charpente nous offrent ensuite le premier système de ce qu’il faut appeler construction en ce genre, et on peut encore, selon l’ordre naturel des inventions humaines, diviser en deux temps ces sortes d’ouvrages. D’abord, on se contenta de planter des pieux dans le terrain recouvert par l’eau, et d’établir dessus, les travées de