mini nous offre dans son entablement des denticules sous les modillons, pratique désapprouvée par Vitruve. En sorte que Temanza, pour appuyer sa conjecture, est forcé d’interpréter le passage dans un sens contraire à la doctrine de l’auteur. Voyez Vitruve (Pollion).
Le second monument antique de Rimini, est le superbe pont bâti en marbre par Auguste, ainsi que nous l’apprennent les deux inscriptions toutes semblables, placées chacune à une des extrémités du pont. On y lit qu’il fut construit sous le treizième consulat d’Auguste, qui fut le dernier de sa vie, et sous le quatrième consulat de Tibère, qui marque la sixième année de son règne depuis la mort d’Auguste : d’où l’on voit qu’Auguste, avant de mourir, avoit fort avancé cet ouvrage.
Une autre raison persuade que Tibère avoit trouvé les arches du pont finies ; on la tire de la couronne sculptée sur une clef de l’une des voûtes ; si toutefois cette couronne fut la couronne civique, comme on le pense. En effet, Tibère, selon Suétone, ayant empêché qu’on en fit la représentation dans son propre vestibule, ne l’auroit pas permise sur ce pont, s’il en eût terminé les cintres. Si donc ce symbole y fut placé sous Auguste, cela prouve, que lorsqu’il mourut, l’entreprise étoit fort près d’arriver à son terme.
Ce pont se compose de cinq arches ; quatre sont intègres et d’une belle conservation ; la cinquième, celle qui est du côté du couchant, fut deux fois détruite par la guerre, et fut rebâtie avec peu de soin ; aujourd’hui son ouverture se trouve presque comblée par les amas de sable et de galets dont le fleuve (la Marchia) élève continuellement son lit. Les arches sont en plein cintre ; on pourroit dire qu’ils sont en demi-cercle, si leur ligne ne se redressoit pas un peu, près du sonbassement. L’arche du milieu est plus large que les quatre autres ; les deux dernières sont les plus étroites. On compte trente-trois pieds à l’ouverture de la grande arche, vingt-sept pieds à chacune des deux arches qui l’accompagnent, et vingt-six aux deux de chaque extrémité. La longueur totale du pont est à peu près de cent quarante pieds ; sa largeur de vingt-six.
Toute la masse se compose de grands blocs de marbre ou de pierre d’Istrie, qu’on sait être une espèce de marbre. Les claveaux des trois arches du milieu n’ont pas moins de trois pieds de hauteur ; les paremens et l’intrados des voûtes sont si parfaitement unis, qu’il seroit impossible d’introduire l’épaisseur d’un cheven dans leurs joints. On s’aperçoit que c’est surtout à cette partie de la construction que fut porté le plus grand soin. On trouve à ce monument, comme à un grand nombre d’édifices antiques, de ces trous qui paroissent avoir été faits dans les joints des pierres, pour en extraire les crampons de métal.
L’ensemble de ce pont présence l’aspect d’une disposition à la fois belle par la forme, la proportion, la richesse qui nait d’un bon caractère de construction, et d’une heureuse disposition d’ornemens. Les bandeaux des arches sont sans profils, mais ils se détachent sur toute la masse par une assez grande saillie. Chacun de ces bandeaux a sur la clef de sa yoûte un ornement sculpté : malgré quelques dégradations qu’ils ont éprouvées, on y reconnoît une couronne, un prœfericulum, un lituus, une patère.
Entre chacune des arches est une niche en forme de tabernacle, avec plinthe, deux pilastres et un fronton, qui sans doute furent destinés a recevoir des statues. Un fort bel entablement s’élève au-dessus des bandeaux des cinq arches et règne dans toute sa longueur. On remarque, que du côté de la ville, la ligne de l’entablement de la dernière arche, suit une pente apparemment commandée par le terrain.
La voie publique sur le pont étoit pavée en marbre, et de chaque côté il y avoit un petit trotoir pour les gens de pied. On observe que le petit mur du parapet, au lieu de se terminer, comme c’est assez l’usage, par des pierres taillées carrément, et par conséquent formant des angles, avoit sa sommité arrondie, pour la commodité de ceux qui, en s’y appuyant, voudroient jouir de la vue de la rivière.
RINCEAU, s. m. C’est le nom qu’on donne, dans l’architecture, et la sculpture ou peinture d’ornement, à certaines compositions dont l’idée et le motif sont pris, soit de branchages recourbés, soit de certaines plantes qui se roulent sur elles-mêmes si elles trouvent quelqu’obstacle.
Le rinceau n’est toutefois, comme le sont presque tous les ornemens, qu’une imitation conventionnelle des productions naturelles. Ordinairement on le fait sortir de ce qu’on appelle un culot, espèce de touffe imaginaire de larges feuilles, qu’on suppose donner naissance à la plante, ou à la branche que l’art façonne à son gré, qu’il prolonge par des circonvolutions qu’on répète, avec quelques variétés dans les détails.
Le rinceau, quelquefois se forme d’une branche que l’on courbe et recourbe à volonté, et qui semble porter des fruits, des fleurs, des grappes de raisin, des feuilles de lierre ou de pampre. Quelquefois il est censé être une plante flexible du genre de l’acanthe ; il se forme alors des feuilles naturelles de cette plante, refendues et dentelées comme la nature les produit. On y ajoute des fleurons, des roses, des boutons, des graines, etc.
Les rinceaux s’emploient ordinairement en sculpture, à faire l’ornement courant des frises dans les édifices, à décorer des vases, des candélabres et autres objets de ce genre. Il n’est pas rare non plus de les voir appliqués perpendiculairement, à remplir les champs des pilastres ou des panneaux. Quelquefois ils circulent autour des