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le côté des solives ou poteaux, pour retenir la maçonnerie des entrevoux.

RUISSEAU, s. m. Est, dans le pavement des rues, l’endroit où deux revers de pavé se joignent, et qui, selon la pente de la rue, sert à l’écoulement des eaux. Les ruisseaux des pointes sont fourchus.

On appelle ruisseau en biseau celui qui n’a ni canniveaux, ni contre-jumelles, pour faire liaison avec les revers, comme on le pratique dans les ruelles où il ne passe point de charrois.

RUISSEAU est, dans le jardinage, ou un petit canal qu’on pratique pour l’arrosage, ou quelquefois un conduit d’eau qui provient d’une source, et qui fait agrément d’un jardin.

RUSTIQUE, adj. Cette épithète, qu’on donne, dans l’architecture, à plus d’un ouvrage, peut se prendre et s’entendre de deux manières.

Rustique peut signifier, comme terme de mépris, un ouvrage dénué de goût, d’agrément et de grâce, et qui est, par comparaison aux productions où brillent ces qualités, ce que sont les manières, les habitudes et l’extérieur grossier des habitans de la campagne, mis en parallèle avec les dehors polis des habitans des villes. Ainsi appelle-t-on rusticité le manque de politesse, une certaine rudesse dans le parler et les manières d’agir. Sous ce rapport, le mot rustique peut s’appliquer, en architecture, à quelques ouvrages mal faits, grossièrement terminés, ou dont les formes n’ont reçu ni élégance, ni propreté.

Cependant le mot rustique, conformément encore à la définition qu’on en a donnée, se dit, sans aucune intention de critique, de certains ouvrages, de certaines parties des édifices, de certaines manières de travailler les matériaux, qui, loin d’être des défauts, sont, ou des convenances, ou des agrément dans la construction.

Effectivement, ce qu’on appelle rustique, dans l’emploi des matériaux, signifie réellement une manière brute de les meure en œuvre, soit qu’on les laisse dans leur état naturel, sans les façonner par l’art, soit que l’art lui-même s’étudie à leur imprimer l’apparence de n’avoir point été travaillés, et à leur donner une rusticité simulée ou factice.

C’est ainsi, comme ou l’a vu à l’article Bossage (voyez ce mot), que l’architecture se plait, jusque dans les plus beaux édifices, à feindre, surtout quelques-unes de leurs parties, le les que des soubassements, des chaînes de pierre ou des assises courantes, et à les figurer comme composées de pierres laissées brutes et dans leur état naturel. Par naturel, j'entends, à l’égard de quelques-unes, l’état raboteux dans lequel la nature les produit, et à l’égard de celles dont les lits offrent des paremens lisses, une imitation qui les rend raboteux. Voyez Rustiquer.

Nous ne répéterons point ici ce que nous avons développé avec beaucoup d’étendue au mot Bossage, sur les exemples nombreux que l’antique nous a laissés du genre rustique, employé, soit en grandes parties, soit en détail dans les édifices, ni des heureuses imitations qu’en ont faites les Modernes. Il ne nous reste qu’a indiquer ici les différentes manières de rustique qu’on peut mettre en œuvre, selon les différentes natures de matériaux, et les diverses sortes d’édifices ou de parties d’édifices, auxquelles le genre rustique peut être convenablement ou agréablement appliqué.

Le bossage, avons-nous dit, se place a la tête de tous les genres de rustique ; mais lui-même peut comporter plus d’un degré. On en voit dont les pierres n’ont de rustique que leur saillie dans les superficies des paremens, et qui sont dressées avec soin, polies et arrondies sans aucune aspérité. On en voit qui sont taillées de façon à exprimer toutes les scabrosités d’une pierre brute. Il y en a qui sont piquées, à dessein de produire à peu près le même effet. Il y en a où l’un s’est plu à travailler les bossages d’une manière qu’on appelle vermiculée, sorte de procédé, par lequel on imite les corrosions, que le temps produit naturellement dans de certaines qualités de pierre. On en voit de cette sorte à la galerie du Louvre, du côté de la rivière.

Il y a un genre de rustique qu’on peut employer dans certaines parties, surtout dans les soubassemens des bâtimens, et qui consiste à mettre en œuvre, ou à feindre ce genre d’appareil qu’on appelle incertum, soit en petit, soit en grand, c’est-à-dire, de pierres plus ou moins grandes, taillées à joints irréguliers, qui ne forment point de lits, et qui s’assemblent comme au hasard. Ainsi voit-on beaucoup de murailles antiques ; ainsi étoient formées les voies romaines ; ainsi étoit établie la maçonnerie en petits moellons, que Vitruve oppose au reticulatum.

Il y a un genre de rustique, qui a lieu au moyen de certaines incrustations de matières diverses, soit par la couleur, soit par la forme, et qu’on réunit par les enduits de mortier, dont on couvre des murs, des piédroits, des arcades, des colonnes ou des pilastres. On emploie à ces incrustations, soit des cailloux, soit des éclats de marbre de teintes variées, soit des coquillages naturels, soit des morceaux de stalactites et de pétrifications, soit des scories de volcan, etc.

On fait encore, en maçonnerie, une sorte de rustique, et on en produit l’apparence, par la seule manière d’employer le mortier brut, ou le plâtre jeté au balai, en observant de mêler, dans ces enduits raboteux, des couleurs qui en détachent les parties du reste des ravalemens.

Généralement, l’objet principal du genre rustique, dans tous les édifices où on l’emploie, est

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