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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/414

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qui ne seroient que de grandeur naturelle, deviendroient ridicules à côté de colonnes de cinquante pieds de hauteur. Même ridicule, mais disproportion peut-être plus choquante encore, entre desstatues colossales et de petites colonnes. Sans vouloir pousser trop loin ici une comparaison, dont l’idée exagérée cesseroit d’être de la raison, on pourroit dire que les statues qui accompagnent l’architecture, qui entrent dans les espaces, et qui occupent l’intérieur d’un édifice, peuvent se considérer comme étant ses habitans, et dès-lors établissent entr’eux et leur demeure une certaine corrélation nécessaire de dimension.

Mais quelles seront les règles fixes de ce genre de rapports ? Nous dirons à cet égard, comme pour les proportions mêmes de l’architecture, qu’il n’y a rien que l’on puisse déterminer par la rigueur mathématique. Les arts de goût, de génie et d’invention ne sont tels, que parce qu’on ne sauroit y rien soumettre à la démonstration du calcul. Comme le génie et le goût ne sauroient se définir qu’au sentiment, et par le sentiment, il en est de même de ce qu’on appelle leurs règles. Le génie les trouve et les fait ; le goût en jouit ; le sentiment les explique. Et quoique ces sortes de vérités ne se puissent pas démontrer, et quoique la froide raison puisse les méconnaître et les nier, elles n’en sont pas moins de tous les temps, et n’en restent pas moins applicables à tous les ouvrages.

Nous avons dit que les statues a voient encore avec l’architecture, un rapport d’harmonie important à observer, c’est celui du style de leur sculpture.

Il a été déjà fait quelques observations sur cet objet au mot SCULPTURE. On peut dire que cet accord de style entre les deux arts, est un effet naturel du cours ordinaire des choses, dans la direction que suivent assez simultanément tous les arts du dessin. Il y a effectivement entr’eux une telle communauté de manière, que naturellement le même courant d’opinion et de goût, porte les artistes contemporains à donner, chacun dans leur art, la même physionomie à leurs productions. J’entends par-la une certaine expression sensible aux yeux, comme à l’esprit, de quelques qualités générales, résultat assez nécessaire, soit de la direction des écoles, soit de la pente des esprits, et du penchant qui les porte à vouloir du nouveau.

Pour celui qui sait lire dans les ouvrages de chaque siècle les effets de ces causes, il est évident que le goût de la sculpture s’est toujours trouvé le même, que celui de l’architecture dont elle fut appelée à décorer les édifices. Chez les Anciens, timide et peu développée dans les monumens du premier âge, simple mais grandiose au siècle de l’entier développement de l’art de bâtir, lourde et négligée à l’époque de la décadence, elle suivit toutes les phases que le génie de l’architecture fut tenu de parcourir. Si nous


examinons de même le cours de cet art depuis la renaissance, nous verrons que la sculpture, d’abord maigre et roide, ensuite riche et abondante, enfin licencieuse et désordonnée, a marqué aussi du même sceau, en Italie, le goût des trois époques les plus distinctes de l’architecture. Aussi faut-il dire qu’il y a eu accord parfait de style entre les deux arts à chacune de ces époques.

Concluroit-on de là que l’architecte doit toujours compter sur cette coïncidence naturelle de manière entr’eux, certain que le style de son édifice rencontrera toujours une correspondance obligée dans le style des autres arts ? Ce seroit tirer, de données très-générales, une application beaucoup trop rigoureuse. Ce qu’on vient de dire ne sert qu’à montrer, quelle est l’intention de la nature, et par conséquent quelle doit être l’attention de l’artiste, dans le choix des moyens particuliers dont il peut user, pour faire de son œuvre un tout complet et parfait sous le rapport de l’harmonie du style.

Le style est dans les arts du dessin, comme dans ceux du discours, ce qu’est le caractère de physionomie de chaque homme, ce qui le différencie des autres par des traits légers, si l’on veut, mais qui n’en sont pas moins capables d’y établir de notables dissemblances. Ces grands traits, que nous venons de faire remarquer dans tes grandes époques de l’art, sont en quelque sorte, comme ceux qui séparent les races, les genres, les espèces ; ce qui n’empêche pas qu’il n’y ait entre les individus d’innombrables variétés. Il en est de même de chaque artiste, son talent participe, si l’on veut, du style ou de la physionomie de son époque. Mais il n’en a pas moins son style à lui, sa physionomie en propre, et la propriété de correspondre au style de tel architecte, à la physionomie de tel ou tel monument.

C’est donc sous ce point de vue, qu’il importe à l’architecte de comprendre ce que, dans l’emploi qu’il fera des statues, comme ornemens de ses édifices, il y aura d’accord ou de désaccord entre des figures simples ou composées, sages ou maniérées, finies ou peu achevées, et le genre de ses ordonnances, l’effet de ses masses, l’exécution de leurs détails. Voyez, du reste, sur cet objet l’article SCULPTURE.

On a donné aux statues qui entrent dans la décoration des édifices, des places, des jardins, un assez grand nombre de noms relatifs, soit à leurs positions, soit à leurs destinations, soit a leurs sujets. Nous n’en citerons ici que les plus usités.

Ainsi l’on dit :

STATUE ALLÉGORIQUE. C’est celle dont l’objet est d’exprimer la personnification de quelque qualité abstraite, comme la prudence, la force, la justice, ou des effets de la nature et de ses œuvres, comme les saisons, les parties du jour, les élémens ; ou des nations, des royaumes, des