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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/520

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512 TOU TRA


Tourmenter quelqu’un au moral, c’est s’étudier à lui procurer de la peine, de la douleur, de l’embarras. On se tourmente aussi soi-même, lorsque, par une certaine maladie, ou par l’excès de quelque passion, comme l’envie, la haine, l’ambition, on perd le repos du corps et de l’esprit.

Tels sont, transportés dans un autre ordre de choses, les effets que nous font éprouver les ouvrages qu’on appelle tourmentés. Dans la vérité, ils produisent sur nous une impression semblable à celle qu’a dû subir l’auteur, qui, au lieu de procéder, pour exprimer ses pensées, par la voie la plus droite, s’est torturé l’esprit pour les faire arriver par quelque route pénible et détournée, pour leur faire prendre certaines formes inusitées et contraintes, dont l’étrangeté met aussi notre intelligence en peine et nous cause de l’embarras. Tout auteur qui se tourmente de la sorte, tourmente de la même façon son auditeur ou son spectateur : car il y a réciprocité nécessaire entr’eux. Comme on remarque dans le commerce ordinaire de la vie, qu’un homme qui se gêne, gêne les autres, qu’un homme qui, dans ses manières et ses discours, a de l’aisance, l’inspire et la communique à autrui, de même tout ouvrage portant l’empreinte nécessaire des habitudes, des qualités, des défauts, de l’artiste, en opérera, si l’on peut dire, la contre- preuve chez ceux auxquels il s’adressera.

Le propre de tout ouvrage tourmenté, est de faire connoître et sentir l’effort de quelque nature qu’il soit, car il en est de bien des genres. Nous n’appellerons pas seulement de ce nom, la peine et la contraction qui naissent d’un travail difficile. Il y a un genre d’effort qui paroit moins sensible, parce qu’il annonce la facilité de l’abondance, mais qui ne produit pas moins le même effet sur nous ; car la redondant’’ nous fatigue, quoique d’une autre manière, autant que l’excès de concision. L’une et l’autre nous rendent difficile, surtout dans les compositions, la perception des objets. On devient obscur par le trop dire, comme par le trop peu.

Chaque genre d’ouvrage d’art, au reste, a une manière d’être tourmenté, dans les élémens mêmes de sa Conception, comme dans les procédés de son exécution. On dit des poses des figures d’un tableau, qu’elles sont tourmentées quand l’artiste ambitieux de nouveauté, leur donne des attitudes forcées et trop contournées. On dit que la couleur en est tourmentée quand le peintre, incertain de son effet, ou ne parvenant point à se contenter, retouche sans cesse, et par un maniement excessif de pinceau, altère la fraîcheur des teintes.

Nous ne serions pas en peine de dire ce que c’est qu’une architecture, ou une composition architecturale tourmentée. Il n’y a point d’architecte qui ne convienne que ce défaut doit résulter


d’un plan qui, au lieu de lignes droites, de rapports simples, de combinaisons claires, sera un jeu péniblement controuvé de parties mixtilignes, de contours rompus, de formes incohérentes. Tout le monde sera d’accord qu’une élévation tourmentée sera celle qui se composera, soit de masses décousues et contradictoires, soit de détails bizarrement assemblés, sans aucune raison qui en motive ou en explique la réunion, soit d’une multiplicité confuse d’objets qui ne sont que des hors-d’œuvre. Mais ce sera surtout dans la complication des ornemens, dans la prétention à innover par des mélanges indiscrets, ou par la profusion des motifs décoratifs, que l’architecte qui aura tourmenté son cerveau, à celle laborieuse recherche, fatiguera nos yeux et tourmentera notre esprit, Le dix-septième siècle a produit dans les œuvres de Boromini, et de son école, les exemples les plus clairs et les plus propres à faire comprendre, ne fût-ce que par les yeux, ce que peut être une architecture tourmentée.

TOURNER, v. act. C’est faire un ouvrage quelconque, à l’aide de l’instrument qu’on appelle tour. Voyez ce mot.

TOURNER. Se dit, mais dans le langage plutôt familier, surtout s’il s’agit d’architecture et de bâtiment, comme synonyme d’exposer, de disposer, de situer.

Ainsi l’on dira d’une maison qu’elle est bien tournée, lorsque son exposition est agréable ; que son intérieur est bien tourné, lorsque toutes les pièces offrent des dégagemens commodes, et que toutes les parties ont entr’elles de justes proportions.

On dit aussi d’une église, que son portail doit êtretourné vers l’occident, que son autel doit l’être vers l’orient.

TOURNIQUET, s. m. Espèce de moulinet à quatre bras, qui tourne verticalement, à hauteur d’appui, Dans Une ruelle, Ou A Côté D’une barrière, pour empécher les chevaux d’y passer. On en fait en bois, en bien et en bronze. Il y en un DE CES DEUX Dans Métaux Plus d’Un endroit des cours et des jardins de Versailles.

TRACER, v. act. C’est tirer les premières lignes d’un dessin d’un plan, sur le papier, sur la toile, sur le terrain. Il y a plus d’une manière de tracer, dans les procédés du bâtiment, et on les exprime par les locutions suivantes :

TRACER AU SIMBLEAU. C’est tracer, d’après Plusieurs centres, les ellipses, les arcs surbaissés, rampans, corrompus, etc. , avec le simbleau, qui est un cordeau de chanvre, ou mieux encore de tille, parce qu’elle ne se relâche point. On se sert ordinairement du simbleau pour tracer les