Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
84 PAV PAY


Pavé de terrasse. Pavé qui sert de couverture en plate-forme, soit sur une voûte, soit sur un plancher en bois.

Pavé poli. Nom général qu’on donne à tout pavé bien assis, bien dressé de niveau, cimenté, mastiqué et poli avec le grès.

PAVEMENT. On se sert de ce terme pour exprimer l’action de paver, et aussi l’espace pavé en compartiment de carreaux, de quelque genre qu’ils soient.

Le mot pavement répondant au mot pavimentum du latin, si généralement employé à désigner des ouvrages de luxe, d’art et de goût, devroit être d’autant plus convenablement affecté aussi en français à cet emploi, qu’on a quelque peine à nommer du même nom pavé, et les ouvrages les plus grossiers du besoin, et les travaux les plus élégans, les plus variés du luxe et de la magnificence des intérieurs.

PAVER, v. act. Ce verbe appliqué à l’opération toute ordinaire du pavé des rues et des chemins, signifie asseoir le quartier ou le dé de grès ou de pierre, le dresser au marteau, le battre avec la demoiselle.

On dit paver à sec lorsqu’on asseoit le pavé sur une forme de sable de rivière, comme cela se pratique à Paris, dans les rues et sur les grands chemins.

On dit paver à bain de mortier, lorsqu’on se sert de mortier de chaux et de ciment, pour asseoir et maçonner le pavé, de la manière dont on le fait dans les cours, les cuisines, les écuries, terrasses, aqueducs, pierrées, cloaques, etc.

On dit repaver : c’est manier à bout le vieux pavé sur une forme neuve, et en mettre de neuf à la place de celui qui est cassé.

PAVEUR, s. m. C’est le nom de la profession de ceux qui entreprennent, taillent et assoyent les pavés.

PAVILLON, s. m. Ce mot vient de l’italien padiglione, où il signifie, comme aussi en français, une tente ou un de ces logemens que, dans les camps, on établit légèrement et ordinairement avec un comble incliné pour les eaux. Nous ne voyons pas qu’en Italie le mot padiglione et l’objet qu’il exprime au propre, soient fort usités dans le langage, comme dans les formes de l’architecture.

L’application très-usuelle et fort ancienne qu’on a faite en France du mot pavillon à certains corps de bâtiment, nous paroît provenir des usages des châteaux et des toitures gothiques. Les tours et les tourelles si multipliées dans la disposition des châteaux, les corps de bâtimens isolés que nous voyons encore dans ce qui nous


en reste, les combles fort élevés qui les couronnoient, tout cela ne laissa pas d’offrir, au moins pour la vue, quelque ressemblance avec les tentes et leurs pavillons. Pourquoi ne chercheroiton pas là, l’étymologie de cette dénomination dans l’architecture française ?

Il y a ainsi de certaines traditions qui se perpétuent dans les édifices, même après que l’architecture y a changé de forme et de style. Ainsi, le château des Tuileries a conservé dans sa façade renouvelée sous Louis XIV, l’usage de ces corps de bâtimens carrés et isolés, réunis autrefois par des murs dans les enceintes des châteaux, et l’on y appelle encore cet trois principaux corps du nom depavillon. On dit le pavillon de Flore, le pavillon de l’horloge ; même chose au Louvre, où les restaurations et les reconstructions successives ont supprimé quelques-uns de ces pavillons, et ont toutefois conservé celui qu’on appelle le pavillon des caryatides.

Le nom de pavillon se donne toutefois aujourd’hui à tout petit bàtiment isolé et couvert d’un seul comble.

Tels sont, dans les jardins, les petits édifices qu’on y construit, pour servir de retraite et de lieu de repos.

PAYSAGE, s. m. (Jardinage. ) On donne ce nom, soit à un ouvrage de la peinture, dont l’imitation représente la vue d’un pays, d’une scène quelconque de la nature, ou d’un point de vue plus ou moins étendu de cette scène, soit aussi à la chose elle-même en réalité, c’est-à-dire, à l’objet de l’imitation. C’est au Dictionnaire de Peinture qu’il faut renvoyer le mot PAYSAGE, sous le premier rapport. A l’égard du second, il ne peut trouver place ici que comme article de jardinage.

Il est encore entendu que l’idée de paysage, dans l’art de composer et de faire des jardins, ne convient qu’au genre du jardinage irrégulier. Ce n’est pas que dans le système opposé un ne doive avoir aussi en vue, en composant un jardin régulier, d’y ménager des percés, d’où l’on découvre le pays d’alentour, et qui font jouir de l’aspect de paysages et de sites plus ou moins heureux, selon les pays et les cantons : mais on doit dire que le jardin régulier, assujetti à un plan et à des lignes symétriques, ne sauroit offrir eu lui-même et dans sa seule enceinte, l’idée d’un paysage, comme ouvrage seul de la nature ; et si, comme on l’a dit, il peut donner ouverture aux aspects naturels du dehors, leur contraste avec les formes régulières que l’art a données an jardin, produiroit dans l’imitation un effet peu agréable.

L’esprit et le système du genre de jardinage irrégulier consiste au contraire, d’abord à façonner le jardin dans des contours, des formes et avec des masses susceptibles de se lier sans disparate aucune, avec le pays d’alentour, en sorte que les parties des jardins ne semblent être que les