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dire que le cheval est redressé, puisqu’il est essentiellement de travers.

Le cheval laisse tomber sa masse à droite ou à gauche, en se pliant & laissant ses deux extrémités d’un côté & la masse de l’autre, ce que le cavalier sent aisément par le dérangement dans l’allure du cheval, & le malaise qu’il ressent lui-même dans sa position ; on voit que les moyens de le remettre droit se bornent à amener les extrémités du côté opposé, & se servir de la jambe & de la gaule du côté où les côtes se gonflent ; mais le vrai moyen de corriger le cheval lorsqu’il est un peu plus avancé, c’est de le tourner en cercle du côté où la masse tombe en le ployant beaucoup.

Quand le cheval aura fait quelques tours, de manège au pas, en suivant exactement les murs, le cavalier cherchera à le faire changer de main, afin de lui en faire faire autant à gauche, dans ces premiers changements de main, il ne faut exiger aucune justesse, chercher simplement à parvenir à son but, qui est de promener le cheval à gauche.

Pour ce, on prendra le moment où il fera appaisé ; & après avoir passé le coin 2, (fig. 15), arrivé au point G, le cavalier lui fera faire un demi à-droite, par les mêmes moyens dont il s’est servi pour lui faire faire un à-droite entier, en observant que les moyens doivent être moindres pour un demi à-droite, que pour un à-droite entier, & le déterminera avec les jambes sur la diagonale G G ; arrivé à son extrémité, le cavalier, par un demi à-gauche, remettra son cheval sur la direction G 3 ; en observant, dans ce demi à-gauche, que la rêne gauche doit faire le premier effet & la rêne droite le second.

Autre régie générale ; c’est qu’en proportion que les mains travaillent pour tourner un cheval., les jambes doivent augmenter leurs aides ; car tout mouvement de main tend à rallentir la masse, & afin qu’elle percute toujours également, il faut regagner par les jambes ce que les mains font perdre de vitesse.

Dans touts ces à-droite & demi à-droite, les deux jambes doivent travailler également, à moins que le cheval en tournant ne laissât tomber sa masse à droite ou à gauche, auquel cas, la jambe de ce même côté doit opérer beaucoup plus que l’autre, qui ne doit presque rien faire. Nous avons vu le cavalier promenant son cheval au pas à main droite, il doit employer les mêmes moyens inverses pour le promener à main gauche, & au bout de deux ou trois tours, quand il aura reconnu l’espace qu’on veut lui foire parcourir, on le mettra au trot, qui est l’allure où les jeunes chevaux doivent être exercés, jusqu’à ce qu’ils soient ce qui s’appelle débourés. Pour passer à l’allure du trot, le cavalier revenu à main droite, je suppose son cheval étant droit, baissera les deux mains, & fermant ses jambes, l’excitera à partir, l’aidant soit, de la langue, soit de la gaule, s’il en est besoin ; & une fois dans cette allure, il l’entretiendra dans.


le même degré de vitesse, & lui fera parcourir le manège de la même façon qu’il l’a fait au pas.

Si je n’avois qu’à décrire les opérations d’un homme de cheval sur un cheval neuf, je garderois le silence sur toute espèce de défenses & sauts auxquels les jeunes chevaux sont sujets à se livrer, parce que l’homme véritablement instruit les prévient & les évite ; (les fautes des chevaux sont presque toujours occasionnées par celles du cavalier, il n’y a que les ignorants qui s’en prennent à leurs chevaux, & les battent des sottises qu’ils leur ont fait faire). Mais mon but est de faire connoître les opérations que l’art employe, non-seulement pour éviter & prévenir les fautes du cheval, mais encore pour y remédier, & le corriger de celles qu’il peut faire, lorsqu’un cavalier peu habile les a laissé convertir en habitude.

C’est aux premières leçons que le caractère & les qualités des chevaux se découvrent, & il est nécessaire de les bien discerner, pour leur donner une éducation avantageuse.

La nature, trop bizarre dans ses jeux, nous met dans l’impossibilité de décrire particulièrement chaque individu ; aucuns ne se ressemblent parfaitement, ainsi nous ferons obliges de nous contenter de trouver certains rapports qui, les rapprochant, nous permettent de les comprendre généralement dans quelques classes. Nous les diviserons d’abord en deux ; la première comprendra les chevaux bien conformés, forts & nerveux, & la féconde, les chevaux mous & faibles, quoique quelquefois. bien proportionnés. Les chevaux de la première classe sont presque toujours obéissants & aisés à instruire, la raison en est dans leur force, qui leur permet d’obéir avec aisance à tout ce que le cavalier leur demande. Il s’en rencontre cependant quelques-uns qui, ayant été battus & effarouchés par ceux qui les ont élevés, sont colères & rétifs, mais l’art les corrige aisément : il n’en est pas de même des chevaux de la seconde classe, dont la foiblesse est la source de touts leurs vices ; il est vrai qu’ils sont aisés à prévenir, en ne leur demandant que ce qu’ils peuvent donner, mais si malheureusement un pareil cheval est tombé dans des mains ignorantes, il faut bien du temps & de l’art pour le corriger des défauts qu’il aura contractés, & cet art ne peut être que le fruit d’une théorie raisonnée & d’une longue habitude.

Revenons à notre première classe, voyons l’espèce de vice auquel ces chevaux sont sujets, & les moyens de les corriger : communément les sauts sont les seuls dérèglements auxquels ils s’abandonnent lorsqu’on veut les trop contraindre, les raccourcir, les faire passer ou tourner dans des endroits où quelqu’objet les aura effrayés ; pour lors ils emploient franchement leurs forces, pour s’y soustraire, & ils sont sujets aux espèces de sauts qu’on nomme sauts de mouton & cabriole. Dans le saut de mouton, le cheval s’élance & s’enlève des quatre jambes presqu’en même temps, sans déta-


Equitation, Escrime, & Danse. D d