Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/221

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210 M A N. cher de ruade, & (on dos s*arrond ! t comme dans le faut de carpe, ce qui rend la tenue très— difficile, fur-tout lorfque ces (auts font répétés de fuite : la cabriole eft de touts les fauts du cheval le plus brillant, le plus enlevé, & celui qui annonce le plus fa force & fa vigueiA* ; c^eft Tefpèce de faut auquel on drefle ordinairement les fauteurs dans les manèges ; le cheval enlève d’abord le devant, & s’élançant avec force embrafle un terrein confidérable ; 6c dans TinAant que fes quatre jambes font à la même hauteur, & que le devant va fsetomber, il détache vieoureufement la ruade ; ce faut, quoique fort & brillant, n’eft p^nt dangereux, ordinairement le cavalier n*en eft point déplacé.

Il faut, lorfque le cheval fe difpofe à fauter, fi c^eft droit devant lui & en avant, le déployer franchement, en fermant les jambes, dans Tinftant où il veut raffembler fes forces ; c^efl un moyen prefqne (ur d’empêcher le faut, parce qu’un cheval pour fauter, eft obligé de diminuer la vîte (re de fa maffe, & de raifembler (es jambes près de fon centre de gravité, afin de pouvoir prendre rélan néceflkire pour l’opérer ; un écolier, pour peu qu’il commence à fentir fes chevaux, s’appereoîtaifément de ce moment oii le cheval médite fa lottiie, 8cû dans cet inftant il l’occupe & le pouffe vigoureufement en avant, il eft démontré qu’il la préviendra.

Mais il eſt rare que les chevaux ſautent droit devant eux ; preſque toujours prévenus par leur cavalier qui les en empêche, ils s'échappent ordinairement, en jettant leur maſſe ſoit à droite, ſoit à gau- che ; ces ſauts de travers ſont un peu plus difficiles à prévenir, parce que l’acte préparatoire du cheval eſt plus prompt, & qu’il faut plus de tact pour ſentir cet inſtant : mais quand on le peut, la correction eſt de les redreſſer par la rêne à laquelle ils vouloient ſe ſouſtraire, les porter en avant de la jambe oppoſée, en les châtiant même par la gaule derrière la botte, ou fermant l'éperon, s'ils commencent à connoître les jambes ; par ces moyens on les corrigera bientôt.

Paflfons à la féconde clafte, malheureufement la plus nombreufe » & voyons les moyens d en tirer parti.

C/eft prefqne toujotrrs la mauvaîfe conftruâion des chevaux qui eft caufe de leur foibleflc. Cependant il n’eft point de règles faus exception : j’ai vu des chevaux dont les belles proportions attiroient les regards des plus grands counoifTeurs, être mous & incapables d’aucun fcrvice. Je renvoie aux livres d’anatomie, qni traitent cetre matière amplement ; & je me bornerai à donner quelques idées abfolument nécefiaires. Deux caufes premières s’oppofent à la banté du cheval, fçavoir, la difproportion dans fa charpente, c’eft-à-dire, dans Pofléohgie ^ a**, la disproportion dans fes mufcles, c’eft-à-dire, dans hmyologie : je m’explique ; le cheval qui a la ganache grofle, le garor bas ^ les ,. M A N.., ,

épaules ferrées, les reins trop longs, les Iiaticlies hautes, ou qui eft tron long ou trop court jointe, &< :., péché dans fa cnàrpente. Celui qui, étant parfaitement d’aplomb fur fes quatre membres bien proportionnés, nais dont les os ne font pas garnis de mufcles fuififamment gros, ou dont le tîftu eft trop lâche, 8cc., pèche dans la myologte. Ces défauts font autant d’obftacles qui s’oppofent à la bonté de l’animal, & on ne peut exiger de ces chevaux le même genre de travail que du cheval parfaitement proportionné, & pourvu de mufcles coaipaâs & tendineux.

Nous avons laiffé le cheval partant au trot i inain droite, & cheminant le long d’u6e façade du manège, je fuppofe AB { fig. 15). Après avoir fait quelques temps de trot, quelquefois il s’arrête tout court, jettant les épaules dans le mur, & la croupe en dedans, fans vouloir avancer ni reçu-* 1er ; plufieurs raifons peuvent occafîonner cette dé* fenftf ; la première, que le cheval foit effrayé par quelqu’objet ; la féconde, que le cavalier exigé trop de vitefte & trop d allongement dans fon al «  hire. Le cheval ne peiit y fournir, s*i ! eft trop abandonné fur les épaules.’Quelques perfonnes pourront faire une réftexion contraire à ce’que j’avance, & croire qu^un cheval abandonné f « r ts épaules doit embraiiér plus de terrein que celui qui eft d’aplomb ; cela paroit d’abord raifonnable, puifque plus vous voudrez le raifembler, plus il diminuera fa vucHe ; mais qu on fafTe attention que le cheval étant fur les épaules, fa mafte ou fon centre degraviré, dêpaffam trop les jambes de devant » ^ prend une direôion oblique à b terre, & non parallèle à l’honfon, & que par cbniéquent les jambes de devant peinent beaucoup pour relever fans ce^Te cette malle, qui les charge trop, & les gêne dans leurs mouvements, au lieu que le cheval d’aplomb, c’eft-à-dtre, foutenu par les jambes qur pofentà terre, peur cheminer avec beaucoup plusde vitefte, par la liberté dont jouiâfent ïes jambes qui fe meuvent. Il ne peut y fournir s*il a le devanr bas &.les hanches trop hautes. Alors i( fe révolte contre les aides & s’y défend en s’arrétant court ; il eft fouvent entretenu dans cetre fottifè par lar faute que la furprife fait faiie au cavalier, qui eft de mettre le corps en avant, ou d’avoir de Tincertiiude & de la vibration dans cette première partie mobile ; il faut donc que le cavalier ait grande attention de fixer fon corps dans cet arrêt fubit ; il y parviendra par une force moëlleufe dans la charnière de fes reins ; (k en relâchant parfaitement foit bas, il doit fe fervir des moyei^s indiqué » pour faire partir de nouveau le cheval, en oblervant de ne l’allonger que proportionnellement à fa firucrure & àla fouplelTe. Silechevalaété effrayé par quelqu’objet, il faut avec beaucoup de douceur le mener fur ce qui Ta épouvanté. Si le eheval retombe plufieurs fois dans cette faute, qu’il s’arrête à chaque tour, fans qu’on en puifte foupçonner d autre raifon que la colère, il faut que le cavalier