Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/226

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M A ^f néanmoins détruire PefFet d& la jambe droite. D’autres chevaux fe fouvenant de la place où ils ont été châtiés, cherchent à éviter la punition, fe liâtent de reprendre avant d*y arriver, & forcent la’.main de leur cavalier ; il faut les corriger par le contraire, c’eft-à-dire > les appaifer, & les laifTer plutèt arrêter au trot que de foudfrir qu*iis s’emportent.. *

Quoique ces différentes opérations foient aflez fimples & aifées à concevoir, il eft néceffaire qu’un mahre les démontre par la pratique i fon écolier ; & il eft indifpenfable, avant que celui-ci puiffe les mettre en ufage, qu*il ait acquis un certain taâ, qui lui enfeigne Te moment des foulées qu’il doit faifir pour opérer avec jufteffe*

Des qualités des chevaux »

La fiicceffion des leçons que je viens de tracer, eft la feule méthode qui foit conforme à l’art, & dont on puiffe attendre de véritables fuccès. Ceft celle qaon doit généralement fuivre pour toute forte de chevaux de monture, à quelqu’ufage qu’ils foient deftinés, & de ces premières leçons, dé* pendent la fageffe & quelquefois la force de ranimai pour fa vie ; mais parvenu au point où je viens de le laiffer, dans la dernière leçon, le cheval n eft encore que ce que nous appelons vulgairement dé^ bourré, C*eft en ce moment que Téciiyer peut porter ua jugement certain fur fes difpofitions, fes forces & les qualités, & qu’il peut décider le genre de (ervice auquel il eft propre, pour lui continuer une éducation relative.

Le cheval de manège, ou cheval de parade, le cheval de guerre, le cheval dechaffe, le cheval de courfe, doivent tous être fains, fouplcs & forrs, mais différents, par les qualités particulières au fervice qu’on exige : je ne m’étendrai point fur la totalité des connoiffances qui doivent fervir à diffé-Tencier ces chevaux, il faudroit faire un thaité des races & des haras. Je n’ai à parler que de l’équitation ; ce ne fera donc que fous ce point de vue que je les envifagerai.

Le cheval deftiné au manège ou à la parade doit avoir les airs relevés ; c’eft-à-dire, une aâîon dans les mouvements de fes jambes « qui rende fes allures trides, cadencées & brillantes ; il doit avoir du feu : fans ces qualités ^ il eft commun & fans diftinâion.

Le cheval de guerre ou d’efcadron doit être plus froid, avoir les allures moins relevées, mais franches & étendues, & être d’une taille & d ui^e force qui lui permettent de réfifler aux longues fatigues ; trop de légèreté & de fineffe font des défauts pour lui.

Le cheval de chaffe doit réunir la légèreté à la violeur ; fa taille ef) de huit à dix pouces ; il faut qu’il ait le rein coun, des difpofitions à fauter, & de rhaleific pour fournir de longues courfes ; lardenr eft un grand défaut dans ces chevaux. Le cheval de courfe enfin doit différer de touts M A N 2IÇ

ceux dont nous venons de parler, par une conftruâion fvche, élancée & particulière, que nous définiffons vulgairement en drfant qu’un cheval a de la race. Les allures de ces chevaux ne font nullement relevé[es, mais au contraire fort rafantes ; ils font & doivent être peu chargés de chairs • d’une encolure mince ; ils n’ont d’apparence qu’aux yeux des vrais connoiffeurs ; mais quelles règles ^ quels principes donner fur la connoifiance de la bonté & des différentes qualités des chevaux ? La théorie feroit bien fautive, fi elle n’étoit fécondée d’une pratique d’équitation, qui donne, par le fentiment, le taâ le plus fur ; puifque les yeux ne peuvent juger que lextérieur, tandis que l’adîette de l’homme de cheval juge de la force & de 1 elaf* ticifé des refforts. Ceft ce que lexpérience prouve touts les jours. Nous avons beaucoup de gens qui connoiffent bien les proportions du beau cheval & les tares auxquelles il eft fujet : il y en a beaucoup plus qui y prétendent, mais très-peu qui jugent lainement de la bonté d’un cheval. Qui n’a pas vu d’excellents chevaux avec des jarrets gras & étroits, & des roffes avec des jarrets larges JSc fecs ? Ici la théorie eft en défaut, & ce n’cft pas en cette feule occafioo que ces anatomiftes de jarrets fe trompent. Concluons de-là que la théorie & la pratique de l’équitation font deux connoiffances également indifpenfablef pour procéder à un-bon choix. Se furtout pour porter un jugement fain fur les qualités & la bonté d’un cheval. Cçft ce dont on le convaincra de plus en plus en s’initiam dans notre art. De r embouchure & de fes effets.

On appelle embouchure, toute machine paffant dans la bouche du cheval » à l’effet de le mener & l’avertir des volontés du cavalier. J^ Si je ne confidérois l’embouchure des chevaux que relativement à l’équitation, à peine ce chapitre trouveroit-il place ici, puifque la plus légère attention fufHt pour donner au cheval un mors qui lui convienne ; c’eft ainfi du moins que Thomme de cheval envifage cette partie ; il ne regarde la bride que comme un moyen fecondaire ; il rapproche. les di^érences qu’on a multipliées à l’infini furies formes & proportions des mors. Ceft l’ignorance des ccuyers qui a fait de l’éperonnerie un art de charlatanifme : tout le monde veut monter, maitrifer & dreffer des chevaux, & peu de gens ont fait un fuffifant apprentiffage de ce métier difficile ; qon— feulement on n’eft pas de bonne foi fur fes ta «  lens, mais encore on fe trompe foi-même, on s’adreffe à un éperonnicr pour trouver les moyens de mener un cheval, qu une mauvaife aflîette & une mauvaife main ont mis de travers & ont fait défendre ; on encourage l’artifte mercenaire, on lui pcrfuade aifément que fon art eft un art effentiel 8c profond, il faut bien que celui ci à fon tour prenne un air fcientifique ; il paffe les doîets dans la bouche du cheval, palpe les lèvres, les barres, la langue ; le voilà magicien, il parle beaucoup,