Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/245

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Î34 P I L naturel du cheval, il eft aifé tfy remédier, en fe contentant Amplement, comme nous venons de le dire, de le faire ranger & aller en avant pour la chambrière, qui eft la feule obéiflance qu’on doive exiger d un cheval les premières fois qu’on le met dans les piliers.

Une autre attention néceflaire, c’eft de faire ruer dans les piliers les chevaux qui ont la croupe engourdie, & qui n’ont point de mouvement dans les hanches. Cette aâion leur dénoue les jarrets & leur fait déployer les hanches, donne du jeu à la croupe, & met touts les reflbrts de cette partie en mouvchienr. Tout le monde n’eft pas de cet avis, 8c la plupart difent qu’il ne faut jamais apprendre à uti cheval à ruer. Mais Texpérience fait voir qu’un cheval qu’on n’a jamais fait ruer, a les hanches roides & les traîne en maniant : d’ailleurs il eft bien alfé de leur ôter ce défaut, qui en feroit un cfFe « 51ivement, fi on les accoutumoit à ruer par malice ; mais lorfqu’on trouvera les hanches aftez dénouées, il faudra les empêcher de ruer, en les châtiant de la gaule devant, lorfqu’ils feront cette aâion quand on ne l’exigera pas.

"Quand le. cheval cdTera de fe traverfer, qu’il donnera en avant & droit dans les cordes, il faudra alors l’animer de U langue & de la chambrière pour lui tirer quelque cadence de trot en place, droit & dans le milieu des cordes, qui eft ce qu on appelle piaffer ; & auftîtôt le flatter & le détacher, pour ne pas le rebuter. SU continue pendant quelques jours d’obéir à cette leçon, il faudra allonger les longes du caveçon, en forte que les piliers loient vis-à-vis le milieu du corps du cheval, afin qu’il ait la lil^erté de donner mieux dans les cordes, ce ()u’il pui/Te lever les jambes avec plus de grâce & de facilité. Quoiqu’il continue de bien faire, on ne doit pas pour cela faire de longues reprifes, jufqu’à ce au’il foit accoutumé à obéir fans colère ; & alors il ùuira les faire auffi longues que fa difpôfition, fcs forces & fon haleine le permettront ; & cela fans le feeours de la chambrière, le cavalier fc tenant feulement derrière la croupe. Pour l’accoutumer à piaffer ainfi fans l’aide de la chambrière ni de la voix, on lui JaiiTera finir fa cadence de lui-même, en demeurant derrière lui comme immobile, fans faire aucun mouvement, ni appeller de la langue, jufqu’à ce qu’il ait cefTé t « u.t-à-fait ; & juflement quand il ceïîe d’aller, il faut lui appliquer de la chambrière vivement fur la croupe & fur les fc/Tes:<cc châtiment met toute la nature en mouvement, & tient le cheval dans la crainte, de manière que quand il fera accoutumé à cette leçon, on pourra refter derrière lui autant de temps qu’on le jugera à propos, fans l’aider ; &il continuera de piaffv-’r. Quand on voudra l’arrêter, on l’avertira de la voix, en l’accoutumant au terme dt hoLa, & on fe retirera de derrière la croupe ; on ira le fla; ter, & on le renverra:mais cette leçon re doitfe pratiquer que lorfqu’un cheval commence à bien connoiire ce qu on lui de—’ p I L

mandb ; qu^il ne fe traverfe ni ne fe défend plos^^ Lorfque le cheval fera confirmé dans cet air de piaffer que produit le pafTage entre les pihers, il faudra alors & non plutôt, commencer a le déta* cher de terre, lui faifant lever quelque temps de pefades & de courbettes, en touchant légèrement de la gaule par-devant, & l’animant de Ta chambrière par derrière. Non— feulement la courbette eft un bel air, mais elle fait que le cheval eft pins re «  levé dans fon devant, & a une aâion d’épaule plus foutenue au piaffer ; ce qui l’eropéche de trépigner, aâion défagréable, qui fait que le cheval bat la pouffière avec des temps précipités ; au lieu que le piaffer eft une aûion d’épaule foutenue & relevée, avec le bras de la jambe qui eft en l’air, haut & plié au genou ; ce qui donne beaucoup de grâce à un cheval. Afin que le cheval i>e fe lève pas fans attendre la volonté du cavalier, ( ce qui produiroit des fauts défordonnés), fans rè^le ni obéifTance, il faut toujours commencer & finir chaque reprife par le.piaffer, en forte qu il lève quand on veut, & qu’il piaffe de même. Par-là on évitera la routine » qui eft le défaut des écoles mal réglées* Comme il y a du danger k monter un cheval dans les piliers lorfqu’il n’y eft pas encore accou* tumé, il ne faut pas y expofer un cavalier avant que le cheval foit drefte & fait à l’obéiffince qu’on en exige, fuivant les principes que nous venons de décrire. Et même lorfqu en commence à le monter dans les piliers, on continue les mêmes pratiques dont on s’eft fervi avant que le cavalier fût deflus, c’eft-à-dire, quil faut le ranger à droite & à gauche j en le fecourant des jambes pour le faire donner dans les cordes. Infenfiblement il s’accoutumera à piaffer pour la main & les jambes, comme il a fait auparavant pour la chambrière. Les amareurs de cavalerie en Efpagne ont une grande idée du piaffer, & eftiment beaucoup les chevaux qui vont à cet air, 8c qu’ils appellent pif’ /adores ; mais ils donnent à leurs chevaux une allure incommode & dégingandée, parce qiL’ils ne leur afibuplifTent point les épaules, &. ne leur font point connoitre les talons, ce qui eft caufe qu’ils ne manient que du bras, n’ont point l’appui de la bouche ferme & léger ; & qu’ils ne font point dans la balance des talons, & par conféquent dans la parfaite obéîfTance pour la main & les jambes ; ce quieftla perfeâion de l’air du piaffer. De L’USAGE DES PiLlERS. (DuPATT).

Ce n’eft point en liberté, qu’on commencera i exercer les chevaux aux airs du manège; les piliers diminuent les rifques de l’homme, & obligent le cheval d’écouter & d’obéir aux ordres qu’il reçoit.

Je crois qu’en général on fait bien de ne mettnr les chevaux entre les piliers qu’après les avoir affouplis, & lorfque leurs jarrets font formés. Leur tête étant calmée, ils ont moins de contre— temps, & les