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Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/254

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quoit à un autre point, il ne remueroit qu’une partie du cheval, toutes les forces de l’animal n’étant pas indifféremment dans touts les points de son corps.

Comme touts les corps ont un centre de gravité, l’homme aussi a le sien qui, de même que celui du cheval, décrit ou tend a décrire une ligne perpendiculaire.

Ce sont ces deux lignes qu’il s’agit de poser l’une sur l’autre, mais de manière qu’on ne confonde pas la direction du centre de gravité de l’homme, avec la puissance de son corps ; car le corps humain n’agit pas seulement par son poids bien disposé, mais encore par le travail de les muscles qui excitent des sensations dans le cheval. D’un même point on peut tirer plusieurs rayons ; il n’y a que la seule perpendiculaire à l’horison qui soit la direction du centre de gravité. Cette direction doit être invariable dans touts les mouvements de l’homme tant qu’il est uni au cheval ; mais la puissance du corps de l’homme peut varier.

De la puissance du corps de l’homme sur le cheval & de sa direction.

La puissance de l’homme est cette propriété de son corps par laquelle il détermine le cheval, dont l’action est le résultat des forces de l’homme. Afin de faire connoitre plus particulièrement cette puissance, cherchons à la composer avec la direction du centre de gravité du cheval, pour en former une résultante.

Deux puissances différentes ne peuvent se composer si elles ne forment un angle, en sorte qu’elles soient obliques l’une à l’autre : si elles étoient perpendiculaires l’une sur l’autre, elles ne seroient plus deux puissances ; ce n’en seroit qu’une qui auroit la valeur des deux réunies. Ainsi si l’action de l’homme étoit dirigée perpendiculairement sur le centre dé gravité du cheval, celui-ci en recevroit une pesanteur & une inertie plus grande, & on manqueroit le but, qui est de donner de la mobilité au cheval. Pour cela il faut que la puissance de l’homme décrive une ligne oblique, & forme un angle avec la ligne de direction du centre de gravité du cheval. Quelque oblique que soit cette puissance de l’homme, la partie inférieure doit rencontrer exactement le centre de gravité du cheval, & cette disposition étant bien observée, donne les deux côtés contigus d’un parallélogramme. En construisant la figure, & en tirant la diagonale des deux angles obtus, on aura la direction du cheval, & on verra qu’elle ne sauroit être parallèle à l’horison, si la figure est bien construite : alors l’animal n’est pas sur les épaules.

Quantité de la puissance du corps de l’homme.

La quantité de la puissance du corps de l’homme ne peut être la même sur touts les chevaux, ni sur le même cheval dans toutes les circonstances ; car la pesanteur des parties du cheval à enlever devient moindre, à proportion que son équilibre est bien formé.

Pour avoir une idée précise de la force de notre corps sur le cheval, il est à propos d’approcher le flambeau de la méchanique ; on connoitra par-là les détails de cette composition de forces.

J’ai comparé le corps humain à un levier du second genre. Le haut du corps ou le tronc, forme un des bras de ce levier ; les cuisses & les jambes forment l’autre. Le bras supérieur de ce levier est la puissance qui doit agir ; l’appui se trouve aux trois points qui servent de base ; les cuisses & les genoux, qui sont liés très-intimement au cheval, forment la résistance. J’ai donné ailleurs le détail de ces parties & tout ce qui les concerne.

Plus un bras de levier est long, plus il a de forces ; plus ses points sont éloignés du point d’appui, plus aussi ils ont de force. Nous prouverons bientôt que l’homme peut augmenter la longueur du bras supérieur de son levier : il suffit de dire à présent que plus il l’augmente, plus la ligne oblique dont je viens de parler s’éloigne, à son extrémité supérieure, de la ligne verticale du centre de gravité de l’homme, à laquelle on auroit ajouté une sublimité. Lorsque cela arrive, l’impulsion donnée au cheval est bien plus considérable ; & on doit bien examiner s’il est en état d’y répondre sans déranger son équilibre, & sans forcer les membres dont les ressorts sont le plus comprimés. Moins cet équilibre artificiel coûte a l’animal, moins l’homme a besoin d’augmenter sa puissance. Mais si l’animal éprouve de grands obstacles à combiner son équilibre avec l’homme, il ne faut pas pour cela que le cavalier redouble son action ; car l’animal, trop contraint, réagiroit avec trop de forces, & même les ressorts pourroient se détruire, de quelque manière que ce soit. On voit donc qu’il est essentiel de modérer la puissance du levier & de la proportionner aux forces du cheval ; cependant on ne doit pas cesser de la faire agir. L’expérience apprendra le degré convenable, qu’on ne peut indiquer par écrit, non plus que tout ce qui est soumis au tact.

Du Contre-poids.

Plus le centre de gravité de l’homme sera constamment dirigé sur celui du cheval, plus aussi la puissance du cavalier sera continue, & plus l’action sera suivie. Mais il seroit impossible que cela f&t, si l’homme ne devoit son maintien qu’à l’espèce d’équilibre que son tronc conserve. Je dit espèce d’équilibre, parce qu’il n’existe que sur un cheval si souple & si bien mis, que les plus petits avertissements suffisent pour le déterminer ; car pour faire agir tout autre cheval, l’homme emploie une partie de ses forces plus que l’autre, ce qui détruit l’équilibre ; en outre l’idée d’équilibre annihileroit l’action qu’on donne à l’homme sur le cheval. Cependant je crois qu’à la rigueur on peut

Hhij