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J84 T R O cette liberté^. Hs fe font trompés , car en ne peut les donner à un cheval , qu*en mettant dans un grand mouvement touts les refforcs de fa machine ; par cerafinement on endort la nature» & Tobèiffance devient molle , languiflante & tardive , qualités bien éloignée ; du vrai brillant qui fait Tornexpent d*un cheval bien drefle.
CeA par le trot , qui efi Tallure la plus naturelle, ^u*on rend un cheval léger à la main fans lui gâter a bouche , & qu*on lui <)égourdit les membres , fans les oâenfer ; parce que dans cette aâion, qui €i la plus relevée de toutes les allures naturelles , le corps du cheval cft également foutenu fur deux jambes , Tune devant oc Tautre derrière : ce qui donne aux deux ancres , qui font en IVir , la facilité de fe relever, de fe foutenir , de s^étendre en avant ^ & par conféquent un premier degré xle ioupleife dians toutes les parties du corps.
Le trot eftdonc fans contredit , la bafe de toutes les leçons pour parvenir à rendre un cheval adroit & obéifTanc : mais ^quoiqu’une chofe foit excellente dans fon principe , il ne faut pas en abufer , en trottant un cheval des années entières ^ comme on faifoit autrefois en Italie , & comme on fait en* core a61uellement dans quelques pays , où la cavalerie t(ï d’ailleurs en grande réputation.. La raifon en eA bien fimple , la perfeâion du trot provenant de la force des membres, cette force «cette vigueur naturelle, c|u*il faut abfolument conferver ; Sans un cheval , fe perd & s’éteint dan^ Taccable-Bient & la laffitude , qui font la fuite d’une leçon trop violente» &^trop longtemps continuée. Ce défordre arrive encore à ceux qui font trotter de jeunes chevaux dans des lieux raboteux & dans des terres labourées ’, ce qui efl la fource des vefligons, des courbes , des éparvins » & des autres maladies des jarrets, accidents qui arrivent à de très-braves chevaux , en leur foulant tes nerfs & les rendons , par l’imprudence de ceux qui fe piauent de dompter uii cheval en peu de temps ; c efi bien plutôt le ruiner que le dompter.
La longe attachée au caveçon fur le ne2 du cheval , & la chambrière , font les premiers 6c les feuls infiruments dont on doit fe fervir dans un terrein uni , pour apprendre à trotter aux jeunes chevaux , qui n’ont point encore été montés , ou à ceux qui Tont déjà été , & qui pèchent par igno- / rance , par malice , ou par roideur. Lorfqu’on fait trotter un jeune cheval à la longe , il ne faut point dans tes commencements lui mettre de bride , mais uiî bridon ; car un mors , quel- 2 ne doux qu*ï foit , lut offenferoit la bouche » ans les faux mouvements & les contre-temps que font ordinairement les jeunes chevaux , avant qu’ils aient acquis la première obéiflance qu’on leur deinande.
Je fuppofe donc qu^nn cheval foit en âge d*étre monté, & qu’on Tatt rendu aflez familier & aflez docile pour fbuffi-ir Tapproche de Thomnie, la felle fie l’embiRiclmre : il faudra alors lui mettre un ca-T R o
veçon fur le nez, le placer s^0ez<haut p^ur ne luipoint ôter la respiration en trottant, & la muferole du caveçon aflez ferrée pour ne point varier fur le nez. Il faut encore que le caveçon foie armé d’un cuir , afin de confervcr la peau du nez qui eA très-tendre dans les jeunes chevaux. Deux perfonnes à pied doivent conduire cette leçon : lune tiendra ijiloçge >& l’autre la cham* brière. Celui qui tient la longe, doit occuper le centre autour duquel on fait trotter le cheval ; & celui qui tient la chambrière , fuit le cheval par derrière & le chafTe en avant avec cet înArument 9 en lui donnant légèrement fur la croupe &.plus fouvent par terre ; car il faut bien ménager ce châtiment dans les commencements , à^ peur de rebuter un cheval qpi r^’y eA point accoutumé* Quand.il a obéi trois pu quatre tours à une maia, ou l’arrête , & on le flatte ; ce ^i fe fait en accourcifTant peu-à peu la longe , jufqu’à ce que le cheval foit arrivé au centre , où eA placé celui qui le conduit ; & alors celui qui tient la chambrière la cache derrière lui pour l’ôter de la vue du cheval» & vient le Aatter conjointement avec, celui qui tient lii’loage.
Après lui avoir laifle reprendre haleine , il faudra le faire trotter à l’autre main & obferver la ’même pratique. Comme il arrive fouvent qu’un cheval , foit par trop de gaieté, f<^t par la crainte de là chambrière, galope au lieu de trotter, ce qui ne vaut rien ^ il faudra tâcher de lui rompre le galop en fecouant légèrement le caveçon fur le nçz avec la longe , & en lui ôtant en même temps la crainte de la chambrière : mais û au contraire , il s’arrête de lui-même , & refufe d’aller au trot , il faut lui appliquer de la chambrière fur la croupe & fur les feAes , jufqu’à ce qu’il aille en avant , fans pourtant le battre trop ; car les grands coups fouvent réitérés défefpèrent un cheval, le rendent vicieux, ennemi de l’homme & de l’école, lut ôtent cette gentillefle, qui ne revient jamais, quand une fois elle eA perdue. Il ne fant pas non plus , pour la même raifon , faire de longues reprifes ; elles fatiguent & ennuient un cheval ; mais il faut le renvoyer à l’écurie avec la même gaieté qu’il en efl forti.
Quand le cheval commencera k trotter librement à chaque main , & qu on l’aura accoutumé i venir finir au centre , il faudra alors lui apprendre à changer de main : & pour cela , celui qui tient la longe , dans le temps ^ue le cheval trotte à une main , doit reculer deux eu trois pas en tirant à lui la tête du cheval,. en même temps celui qui tient la dtambrière, déit gagner l’épaule de dehors du cheval pour le faire tourner à 1 autre main en lui montrant la chambrière » & même l’en frappnt, s’il refufe d’obéir , enfuite le finir au centre, l’arrêter » le flatter & le renvoyer.
Afin que la leçon du trot à la longe foit plus profitable, il faudra avoir l’attention de tirer fa tête du cheval en dedans avec la looge , & de lui élargir en