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Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/326

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BAL BAL 315

Il est cependant arrivé fouvent cfdc U bift^^^»^ àes circonftances Ta rendu le plaifir à la mode » au poiét qu’un menuet danfèavec grâce ëtoit feul capable de faire une grande réputation. Dom Juan d*Autriche , vice-roi des Pays-Bas , partit exprès en pô/le de Bruxelles , & vînt à Paris incognito pour voir danfer â un bal de cérémonie avec Marguerite de Valois » qui paflbit pour la meilleure danfeufe de r£urope« 

Des bals masqués.

On s^ennuyoit à Rome dans les hais’ de cérémonie , & on s’amufoît dans la célébration des fêtes faturnales fous mille déguifements différents. Le goût pour le plaifir fit bientôt un feul de ces deux genres* On garda les bals férieux pour les occahons de grandes repréfentatîons , & on donna des bals maiqués dans les circonftai^es où Ton voulut rire.

Les aventures que le mafqué fervoit ou hifoh naître , les caraâères divers de danfe qu’il donnoit occafion d’imaginer , Tamufement des préparatifs , le charme de Texécution , les équivooues badines auxquelles Vîncopiito donnoît lieu , nrent & dévoient faire le fuccés de cet amufement , qui tient autant à lefprit qu’à la joie. U a été extrêmement à la mode pendant prés de deux cents ans ; on a fur- !out donné des bals mafqués magnifiques durant le règne de Louis XIV. Mais les bals publics , dont je parlerai bientôt , firent tomber touts les autres pendant la régence , & la mode des premiers n’eft pas encore revenue.

Les Grecs n’ont point eu ce genre ^ il femble entièrement appartenir aux Romains. Mais ces derniers Font connu forr tard , & il paroit furprenant lue les mafques en ufâge aux théâtres des uns & es autres n’en aient pas plutôt donné l’idée. La danfe fimple eft le tond du bal mafqué aufii bien que des bals de parade. On l’y emploie fans aâion ; mais on lui a donné prefque toujours un caraâére.

Parmi les moyens d’amnfement fans nombre que ce genre procure « il a des inconvénients & il a caufé des malheurs.

Néron mafqué indécemment courott les rues de Rome pendant les nuits , tournoit en ridicule la gravité des fenateurs , & déshonoroit fans fcrupule les plus honnêtes femmes de Rome. Dans un bal mafqué que la ducheffe de Berri donna aux Gobelins le 29 Janvier 1393» le roi Charles VI qui y étoît venu mafqué en fauvage , faillit ï être brûlé vif par l’imprudente curiofite du duc d’Orléans. Le comté de Joui & le bâtard de Foix y périrent, le jeune Nantouillet nefe *fauva qu|en fç plongeant dans une cuve pleine d’eau , qu’un heureux hafard lui fit rencontrer. ^ Mais les règles qu*on a établies pour maintenir Tordre , la paix & la ffireté dans ces fortes de plaifirs, en a banni prefque touts les dangers , & un peu de prudeace dans le choix des mafcarades peut


aisément en prévenir touts les malheurs.

Des mascarades.

Trois efpèces de dîvertiffements affez différents les uns des autres , ont été cqpnus fous le nom de mafcarade*

Le premier & le plus ancien étoit formé de qua<tre , huit , douze & jufqu’à feize perfonnes , qn^, après être convenues d’un ou de plufieurs déguifements » s’arrangoient deu !b à deux « ou quatre à quatre» & entroient ainfi mafquëes danS le baL Telle fut la mafcarade en fauvage du roi. Charles VI & celle des forciers du roi Henri IV. Les mafques n’étoient affu jettis à aucune loi , & il leur étoit permis de faire jouer les airs^ qu’ils vouloient danfer , pour répondre au caraâère du déguifement qu’ils avoient choifi.

La féconde efpèce étoit une compofition régu* Hère. On prenoit un fujet ou de la fable ou de Thifioire. On formoit deux ou trois Quadrilles qui s’arrangeoient fur les caraâères ou lu jets choifis , &.qui danfoient fous ce déguifement les airs qui étoient relatifs à leur perfonnage. On joignoit à cette danfe quelques récits qui en donnoient les explications néceflaires. Jodelle , Pafferat , Baif , Ronfard, Bemferade 9 fignalérent leurs talents en France dans ce genre ^ qui n’eft qu’un abrégé des grands ballets, oc qui me paroit avoir pris naissance à notre cour.

Il y en a une troîfiéme qu*on imagina en 167$ ; qui tenoit aufii du grand ballet, & qui, en allongeant la mafcarade déjà connue • ne nt autre chofe que d’<n changer l’objet principal » en fubflituant mal-adroitement le chant à la danfe. Cette efpéce de compofition théâtrale retint touts les vices de» autres , Se n’étoit fufceptible d’aucun de leurs agré«  ments. Tel eft le Carnaval , mauvais opéra formé des entrées de la mafcarade du même nom , corn* poféepar Benfardeen 1668, queLully augmenta de récits en 1675 ,& qui réuffit à fon théâtre , parce que tout ce qu’il donnoit alors au public étoit reçu avec enthouuafme*

C’eft fur-tout à la cour aue la mafcarade a été fort enufage’. Ce n’étoit qu un petit genre ; mais il exigeait de l’efprlt , de la galanterie & du goût. II n’en eft point avec ces parties qui ne foit diene d’éloges, &qui ne mérite de trouver place dans rhifioire des arts.

Les mafcarades que les rois Charies IX , Henri III , Henri IV & Louis XIII ont danfées , font fans nombre ; on en fit une chez le cardinal Mazarin le a Janvier 165$ , dont étoit Louis XIV. C’eft la première que le roi ait danfée. Le Carnaval de Benferade, qiron exécuta le 18 janvier x668 , fut la dernière où ce monarque, père des arts , prit le mafciue. U n’avoit pas encore trente ans.

Des bals publics.

Le nombre multiplié des bals mafques pendant le réene de Louis XIV avoit mis au commence ?

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