Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/410

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cou rfcdnlre à un dércloppemcnt des belles proportions du corps, àanegnnde précâfion dins Fexëcutiofi «les airs » à beaucoup de gfâce dans ledèployemeiu àQS bras , à une légèreté extrême dads la foroiatiôn des pas* Quelques connoifleurs penfent le contraire. Le général des fpeflatcurs , touts kr datrfeurs fubalternes , lo^ peuple de Topera n*oiit de la danfe qu^b appellem noble » que Tidée (^ue je* rapporte. Aucun des auteurs qui depuis Qutnault ’ont travaillé pour le théâtre lyrique , fans excepter même la Motte, ne paroît avoir conhu la danfe eh aâion. Fufetier eft le feul qui , dans fes ballets , ait tenté de l’introduire, & avec raifon. Que penfe^ Toit-on d’un graveur qui , ayant iffet de talent pôuf rendre & multiplier à fon gré (les tableaux de Michel

  • Ange , du Correge,de Vanlo , n’employeroit

cependant fon burin qu*à répéter méchaniqyempnt un nombre borné de jolies vignettes pu quelques €uis^’lamp€ monotories i

3**. Chacun des danfeurs fe croit un être à pan & privilégié. Il veut avoir le droit de paroitrb feul deux tois dans quelque opéra qu’on mette au théâtre. Il penferoit n^avoir pas danfé , s’il n’avoit fes deux entrées pantculières. Il les ajufte toujours à fa mode , & fans aucune relation direâe ou indireâe au plan géaéral qu’il ignore, & qu’il ne s*embarrafle guéresdeconnoitre. Or, ce feul inconvénient , ’tant qu’on le laiflera fubfiflèr , fera unobftade invincible à la perfeâion. En voici les preuves* i^ Si le plan généjal de Topera eA bien fait, èomme le font, par exemple, tours ceux de Quinault , chacune des parties qui le compofent , eft relative Îl l’aâion principale. Par conféquent pour qu’il foit bien exécuté , il faut que chaque danfe prife féparément s’y rapporte & fafle ainfi , de manière oU d’autre, panie ae cette aâion. La danfe cependant , par l’abus dont je parle , deviendra dans cet endroit une partie oifive , & par cette feule raifon défeâueufe. Le plaifir réfultant de l’aâxon principale fera donc néceflatrêment moindre. La multitude peut-être applaudira le danfeur ; parce Qu’elle’ ne juge que par Timpreffion du moment. Il* n’en aura pas moins fait cependant un contre-fens infupportable aux yeux du peu de fpeâateurs qui connoiflent le prix de l’enfemble.

1**. S’il y a huit danfeurs ou danfeufes à l’opéra qui foient en droit d’avoir chacun deux entrées particulières , il 6ut ^ fi-Fon veut remplir les loix primitives de l’art ) ., imaginer feize aâions fépa-’ rées qui fe lient ou fe rapponent à Taâion principale, & fuppofer encore que ces huit fujets fe préterom à les exécutef. Ces deux conditions font moralement impo{nbles.Au(ri trouve- t-on plus court de laifler aller les chofes comme elles ont été ; moyennant quoi , depuis plus de quatre-vîhet ans , on eft encore , & Ton refte au point d’oii 1 on eft d’abord parti. ’ ; • ’

Etat aêtuel de la danfe théâtrale en France. Le perfonnage le «plus recommandaUe de la C V 399

Chmtf eft telui qui fçait une pln# pzhit qnànt ;ité’dè mots. L’éruditiQQ de ce paya n’effletwe* pas mêni* les chbfe. Uïi^îettté’^aBe fk v5ê à m :^rcf ; S arranger dans flifte <uh ribmbfè flniiiénïe de parolci ifolées ;&les fçivans de la Chine déclarent qu’il eftfçaVant. Je crois voit* uh homme tiui , ayant dans & itfain là clef du temple des muîfes ^ con- {ntûHtés Ttmrs ific roure fon adfêAef àla tourner & & la retouri^emfans ceflè ûzti la ferrut-é , ^n^ ofe> lamaîs fbiidier a« reflbrt. Tel’ eâ itàiit meilleur danftfur moderne.

Préjuges contre la danfe en oËhn. * La danfe noble ^ la belle danfe (t perd, difott-on à la cour & à la ville , lors même que nous avions ^ authéâtre de Fopéra, les meilleurs danfeurs (^iV enflent paru depuis fon établiflement. Quelle étbir donc la perte dont on fe plaignoit ? qu’avoient fait fur notre théâtre ces grands danfêtirs’ que ron rt* grettoit tant ? Jufqu’à quel point avoient-ils poné l’art 4e la danfe ?- "

Les uns marchoiem des menuets avec une no«  bleffe qu’on a beaucoup vantéb , les autres erécu-’ tdient quelques pas dé fUHes avec une mérfiocre* chaleur’ ; nul n’étoît encore aiVivé’ jùfqu’à la perfeâion que nous avonç admirée fi long- temps dans nfos chacohnes. ’Qu’âuroient été t^ Prevoft , les Subligni à côtéde Mademoifelle $allé ? Quelle exécution , du temps dufiu roi , auroit pu être comparée à celle de Mademoifelle Camargo i ’ Ce difcotirs ridiculequ’on a tenu conftamment en France depuis la mort de’Lully ,’en IVipplîquanr’ fùcceffivement à toutes les parties de la vieille machine qu’il a bâtie, & qu’on répétera par habitude ou par malignité , de gfenération en génération , juf^* qu’à ce qu’elle fe foit entièrement écroulée, n’efl qu’utt préjugé du petit peuple de l’opéra , qui s’eft’ glifle dans le monde , & qui s’y mainffent depgis plus de foixante ans , parte qu’on le trouve fous fa main , & qu’il dégfade ’ d’autant 1er ta’le’nts contem-’ porains qu’on n’eft jamais <âcf](é de tabaitTer : ’ M^is ce difcours qu’on a tenu pendant vin^t arfi fur dès fujets évideniment ; fupérieurs à ceux" qu’oa exaltoit à leur préjudice , ce préjugé qui nous eft* démontré injufle aujourd’hui à tous égards , auroic cependant ^é funefte à l’art , s’il avoit retenu le$ Dupré, les Salle , les Camargo dans les bornes* étroites de la carrière qu’avoieht parcourue leurs prédécefteun. Que nos talents modernes tirent eux-mêmes la conféquence néceffaire & fans réplique qui fuit naturellement de ce raifonnement^ umple.

Il y a une très-grande différence entre la fatuité qui perfuade un homme à talent ({u’il furpaÎTe ou’ qu’il égale le modèle qu’il a devant les yeifx , & Ta noble émulation qui lui fait efpérer qu’il^pourra régaler ou le furpaffer un .jour. Le premier feritîment eft un mouvement d’orgueil aveugle qu ! entraine l’arûfte dans le précipice ; le fécond eft un