Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/409

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59« ^OV de peindre les mouvements de joie populaire , dont chacun des infiants peut fournir à la danfe une fuite animée des plus grands tableaux.

Mais la dan(e compofée » celle qui par elle«snôme forme une aâion fuivie » la feule qui ne peut tire qu*au théâtre , & qui entre pour moitié dans le grand deflèin de Quinault , fut un des pivot $ fur lefquels il voulut faire rouler une des par* ties eflentielles de ^on enfembie.

Tout ce qui eA fans aâion eft indigne du thèâ* tre ;tout ce qui n*efi pas relatif à l*aâion devient un x>rnement fans goût & fans chaleur. Qui a fçu mieux que Quinault ces loix fondamentales de l’art dramatique i Le combat des foldats fortts du fein de la terre dans Cadmus , devoit être, félon fes ▼ues, une aâion de danfe. Son idée n^apas été fuivie. Ce morceau aui.auroit été trés-theâtral , n’eft qu*une fituarion troide & puérile. Dans Fenhautement d’Amadis par la faufle Oriane , il a été mieux entendu »& cette aâion épifodique parokra toujours , lorfqu*clle fera bien rendue » une des beautés piquantes du théâtre lyrique. Le théâtre comporte donc deux efpèces difiînâives de danfe , la fimple & la compofée ; & ces deux efpèces les raflemblent toutes. Il n*en eft point , de quelque genre qu elle puiilè être , qui ne ioit cornprife dans l’une ou Tautre de ces deux dénomtna** tions» Il n’eft donc point de danOe qui ne puifle être admife au théâtre ; mais elle n’y fçauroit produire un agrément réel , qu’autant qu’on aura l habileté de lui donner le caraâére d’imitation qui kit eft commun avec touts les beaux arts , cek^ d’expref- l fion qui lui eft particulier dans l’infiitution primi- 1 tive , & celui de repréfentation qui conftitue feul l’art dramatique*

La règle eft confiante « parce qu’elle eft puifte dans la nature , que l’expérience de touts les iîécles la confirme, qu’en l’écartant , la danfe n’eft plus qu’un ornement fans objet , qu’an vain étalage de Es , qu’un froid compofé de figures ans eiprit , ns goût & fans vie.

En fuivant » au furplus « cette règle avec fcrupule «  on a Va clef de l’art.. Avec de l’imagioatto», de l’é* tude & du difcernement , on peut fe flatter de le porter bientôt à fon plus haut point de gloire ; mais c eft fur-tout dans les opéras de Quinault qu’il auroit pu atteindre rapidement à la plus éminente per«  féâlon , parce que ce poëie n’en a point fait dans lequel il n’ait tracé, avec lecoiToii du génie, des aâions de danfe les plus nobles , Les mieux liées a» fujet , les moins difficiles à rendre. J’y vois parW teut le feu , le ptttorefquè, la fertilité des’ beamc cartons de Raphaël. Np verrons-nous jamais de pin* ceau afiez habile pour en faire des tableaux dignes du théâtre ?

Ce au’on dk ici des opérât de Quinault an fu» jet de la danfe, éft vrar a la letffe. H n’eft point d’ouvrage de cet efprit crésieiir dans lequel on 4 ne voie ,fi l’on fait voir , rindtcatbn marquée .de plufiçurs ballçtt d>âûi|i tiès^ingéniaix & tans Ûés | G OU

au Aijet principal. Il en eft de même de la décoration & de la machine. Dans chacun de {c$ opéras » on trouve des moyens de fpeâacle dont jufqu*icî il femble qu’on ne fe foit point apperçu , & qui feuls feroient capables de produire les plus grands eflets.

OhJUcUs au progris dt la danfr»

On commence à revenir des préjugés cenfurés dans cet article : mais comme ils ne font point encore entièrement détruits , nous croyons que les. réflexions contenues dans cet article ne font point encore devenues inutiles. La danfe , qui ne peint rien , ne produit fans doute qu’un plaifir très-fugitif qui laifle Vefprit & le cœur à froid. Mais dire aufll que la danfe puifle tout exprimer , c’eft le langage de l’enthoufiafme.

Les gens à talents forment , dans les arts , des eftièces de républiques dmérenies entr’elles par des uuges particuliers , & toutes refifemblames par un fanatifme d’indépendance que des caprices luccef-, iifs entretiennent, & que la raifon n’eft guères ca ? pablede refi’oidir.

Ils n’ont point de loix écrites , de règles conflan* tes, de princioes fixes* Ils fe gouvernent fur des traditions qy’ils croyenr certaines. Ils (uivent des. pratiques oue l’infuffi&nce a adoptées , & qu’ils imaginent être la perfeâion de l’art. Ils s’abandon^ nentà des routines qu’ils ont trouvées introdiùtes, fans examiner fi elles font utiles ou nuifibles. Or , pour ne parler que de la danfe du théâtre ^ je trouve dans ces inconvénients généraux de grands obftades au progrés de l’art , puifqu’îl en» réfulte le inalheur certain de ne voir jamais faire à nos danfeurs modernes que ce qui a été pratiqué, par les danfeors qui les onr précédés , & je crois avoir déjà prouvé que la danfe n’a fiiit jufqu’ici fur notre théâtre que ia moindre partie de ce qu’elle , auroit dû faire.

iMais pour fenttr tout le danger des ahns funeftes à l’art qui fe font glififés parmi nos danfeurs de théâtre « pour leur hiire connoitre à eux - mêmes La néceffité de les réformer ,’ ponr engager peut-être le public à les y contraindre , je penfe qu’il eft néceflaire de les développer fans ménage* ment. Ceft le plaifir de la mnltitude, c’eft la gloire de la multitude, c’eft la gloire d’un art agréable » c’eft Fhonneur d’un fpeâacle national que je foUi-») cite. Ce font les abus qui arrêtent fes progrès , que je défière à la fiigadté, au goâr,aki difcernement des françois,

s^ Tonte raâiott théâtcaie eft aatîpaiiqiie aux danfeurs modernes, parla feule raifon que lesactions de danfe n’ont pas été pratiquées par les gands danièurs , ou crus tels y. dont ils rempliflênc au théâtre les emplois ; comme fi le vrai talent de* voit fe donner lui-même des entraves ;. oonune s’il n’étoit pas fiiit pour s’élever tonjoun par fon aâivité au deflus des modèles quil s’eftchoifts. a^ L’opinion commune eft que la danfe doitfe